La cour d'assises des mineurs de Haute-Loire a condamné vendredi soir Matthieu, 19 ans, à la réclusion criminelle à perpétuité pour le viol et l'assassinat en 2011 d'Agnès, 13 ans, et pour le viol d'une autre jeune fille de 16 ans un an plus tôt.
Après un délibéré de plus de 4 heures, la cour est allée bien au delà des réquisitions du ministère public qui avait réclamé 30 ans de réclusion criminelle.
Fait inédit, c'est aussi la première fois depuis la condamnation à perpétuité de Patrick Dils le 27 janvier 1989 pour un double meurtre -alors qu'il était mineur au moment des faits- que la cour exclut l’excuse atténuante de minorité. Patrick Dils avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par délibération spéciale de la cour d’assises des mineurs de la Moselle.
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L'avocate générale Jeanne-Marie Vermeulin avait écarté, vendredi lors de son réquisitoire, cette excuse de minorité qui limitait la peine encourue à vingt ans pour Matthieu.
L'avocate générale a qualifié la personnalité de Matthieu d' "ultradangereuse" lors de son réquisitoire, estimant que le jeune homme était responsable de ses actes. Elle s'est montrée pessimiste sur ses chances "d'amélioration", jugeant nécessaire d'éviter "de nouveaux drames".
Le ministère public avait demandé aux jurés d'assortir la condamnation d'une injonction de soins "sans limitation de durée", mais celle-ci n'a pas été suivie par les jurés.
"Traits pervers effrayants"
Durant tout le procès, la personnalité de l'accusé a été au centre des débats. Qui est Matthieu ? Est-ce le garçon jugé non dangereux par un psychiatre montpelliérain après le viol, sous la menace d'un couteau, d'une amie alors âgée de 16 ans ?
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Sur la foi notamment de cette expertise, après quatre mois de détention provisoire, il avait été jugé apte à devenir interne au collège-lycée Cévenol au Chambon-sur-Lignon, où il a rencontré Agnès.
Ou est-ce un adolescent bien plus inquiétant qui a su s'engouffrer dans toutes les failles du suivi judiciaire, psychiatrique et psychologique dont il faisait l'objet, mises en évidence lors du procès?
Sur ce point, Mme Vermeulin avait appelé à se "fonder essentiellement sur l'avis des experts", décrivant un être aux "traits pervers très actifs et effrayants" et soulignant sa "volonté d'emprise destructrice sur ses victimes".
Détaillant les "carences et manquements" de son suivi après le premier viol, à commencer par une remise en liberté "mal préparée", elle a déploré: "C'est une sorte de tapis rouge qu'on a déroulé devant lui".
Son inscription au collège-lycée Cévenol du Chambon-sur-Lignon a été "une insulte au bon sens" a-t-elle encore relevé: "C'était l'établissement le moins adapté possible au cas de Matthieu".
Prostré
"J'ai entendu un grand réquisitoire prononcé par un grand magistrat", avait salué Me Francis Szpiner, l'avocat de la famille d'Agnès, qui avait demandé jeudi à la cour qu'elle "ne donne pas une deuxième chance" à l'accusé.
La mère d'Agnès, Paola Marin, avait souhaité que la cour inflige à l'accusé "la peine maximale et qu'il n'ait pas l'excuse de minorité".
La mère d'Agnès a ainsi décrit un accusé "complètement absent, qui ne montre aucune empathie, qui dit +peut-être, je ne me souviens pas+ et qui s'est endormi pendant qu'on montrait les photos de l'autopsie" de sa fille.
Vendredi matin, durant tout le réquisitoire, il est resté prostré, la tête dans les genoux dans le box des accusés, sans jamais montrer son visage.