C'est une petite révolution, qui aura vu la victoire des piétons sur les automobilistes: haut lieu de contestation populaire, la "nouvelle" place de la République à Paris sera inaugurée dimanche par le maire, Bertrand Delanoë, après un an et demi de travaux qui ont bouleversé sa physionomie.
Promesse de campagne de M. Delanoë en 2008, le réaménagement de la place est, avec celui des voies sur berges, l'une des opérations les plus emblématiques de la volonté du maire socialiste de réduire la place de l'automobile à Paris, au profit des piétons et des circulations douces.
Hasard du calendrier, l'espace de promenade et de loisir aménagé en bord de Seine grâce à la fermeture partielle de la circulation rive gauche sera inauguré mercredi.
Le coup d'envoi de la rénovation de l'une des plus grandes places de la capitale avait été donné le 30 mars 2010, avec l'adoption par le Conseil de Paris d'une délibération qui confiait la responsabilité des travaux au cabinet d'architectes Trévelo et Viger-Kohler.Pour le maire de Paris, il s'agissait de faire de cette place une "grande place populaire du XXIe siècle, appropriable par les piétons, dotée de grands espaces".
L'essentiel des travaux a consisté à renverser l'équilibre du partage de l'espace, en créant une grande esplanade centrale. Alors que 60% des 3,4 hectares de la place étaient jusqu'ici dévolus aux automobilistes, ce sont désormais 70% de l'espace qui seront livrés aux piétons et circulations douces.
La droite critique
Le côté nord de la place a été fermé aux véhicules exceptés les bus, taxis et véhicules de livraison, le côté sud mis à double sens. La traversée nord-sud est désormais impossible.
Habituel point de ralliement politique et festif, la place deviendra aussi un lieu propice à la flânerie et au repos. Vingt-trois arbres supplémentaires ont été plantés, un miroir d'eau de 270m2 créé, une centaine de fauteuils et une trentaine de tables hautes et basses installées.
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Un café "Monde et médias", ouvert à partir du 18 juillet de 7H00 à 2H00, proposera aux promeneurs un accès aux médias et à l'information, tandis que les enfants pourront emprunter jeux et jouets à "l'R de jeux".
Implantée au centre de la place en 1883, la statue de la République haute de 9,50 m, des frères Léopold et Charles Morice, a subi un toilettage approfondi. Les "fontaines aux dauphins" ont été retirées, et attendent dans un entrepôt de trouver leur futur emplacement.
Les travaux, d'un montant annoncé de 17,5 millions d'euros, auront finalement coûté 24 millions d'euros, selon la Ville.
"Une ville dense comme la nôtre nécessite des espaces de respiration, de loisirs, que l'on prend sur la place de la voiture", a souligné auprès de l'AFP la première adjointe de Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo. "C'est un enjeu de santé publique et de qualité de vie", a-t-elle relevé.
La droite, qui n'avait pas voté la transformation de la place, se montre toujours très critique. "Il y avait une circulation dense mais fluide, aujourd'hui on va se trouver avec un noeud permanent de congestion. (...) D'accord pour les zones 30 (...) mais les grands carrefours et les grands axes, on ne peut pas s'en passer !", a résumé la conseillère de Paris Laurence Douvin, en charge du dossier des transports au groupe UMP.
Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris, promet dans le cadre de sa campagne de mettre à l'étude un réaménagement des places de la Bastille et de la Nation.
Autrefois appelée place du Château d'Eau, la place située aux confins des IIIe, Xe et XIe arrondissements a été rebaptisée place de la République en 1889.