Au quatrième top, l’horloge parlante fêtera ses 80 ans. Cette vieille dame du patrimoine français toujours alerte continue d’égrener inlassablement sept jours sur sept les heures, les minutes et les secondes à qui veut bien l’appeler au 36 99.
Les Français les plus ponctuels, qui veulent connaître l’heure officielle (basée sur le Temps atomique international établi par le Bureau international des poids et mesures (BIPM) de Sèvres), sont encore plusieurs millions chaque année à composer ce numéro facturé aujourd’hui 0,56 euro par appel, selon l’opérateur Orange.
C’est dans l’Observatoire de Paris qu’est conservée précieusement cette technologie qui a évolué à plusieurs reprises depuis sa mise en service, le 14 février 1933, et son premier numéro, le 84 00 précédé de l’indicatif Odéon.
Une première mondiale
L’invention est née d’une grosse colère. A l’époque, le directeur de l’Observatoire, Ernest Esclangon, en avait assez de voir sa ligne téléphonique, la seule de l’institution, recevoir sans cesse des appels du public pour connaître l’heure exacte. Il a donc eu l’idée d’en automatiser la diffusion. Une première mondiale. «Sa mission était alors de contribuer à diffuser dans tout le territoire le temps universel», expliquent les ingénieurs du Syrte (Systèmes de référence temps-espace).
Un service public utile pour régler sa vieille horloge ou sa montre à gousset qui se déréglaient sans arrêt. Et pour la rendre encore plus populaire, c’est un speaker de la radio, Marcel Laporte, qui avait prêté sa voix à cette machine révolutionnaire.
Entièrement mécanique, elle fonctionnait grâce à une technologie empruntée aux bandes-son du cinéma parlant, qui en était à ses débuts. Trois bandes en papier (heures, minutes, secondes) circulaient sur un cylindre et passaient dans un lecteur afin de dicter l’heure exacte aux interlocuteurs. Ce modèle est resté d’actualité jusqu’en 1965, lorsqu’une horloge plus performante à base de film magnétique l’a remplacée. Elle-même a ensuite été améliorée une nouvelle fois en 1975, tandis que dix ans plus tard, France Telecom lui a attribué un nouveau numéro, le désormais célèbre 36 99.
Reliée à une horloge atomique
Le dernier bouleversement de cette institution est intervenu le 18 septembre 1991. Pour fêter les 100 ans de l’unification de l’heure en France, l’Observatoire a accueilli une nouvelle version, qui donne l’heure, mais aussi la date. Cette dernière est directement reliée à une horloge atomique gardée à l’abri des curieux dans la salle d’observation du temps.
Plus précise que jamais, elle séduit encore de nombreux professionnels, qui ont besoin de synchroniser leur travail avec l’heure officielle. «Nous comptons aussi de nombreuses personnes âgées qui ont pris l’habitude de la consulter, explique-t-on chez Orange. Enfin, elle est également très consultée quelques minutes avant le 1er janvier, pour ne pas rater le décompte du nouvel an.