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Bayer face à une vague de plaintes contre ses pilules

Des tTablettes de pilules contraceptives [Mychele Daniau / AFP/Archives] Des tablettes de pilules contraceptives [Mychele Daniau / AFP/Archives]

Le laboratoire allemand Bayer, premier fabricant mondial de contraceptifs, est confronté à une vague de plaintes en France contre ses pilules, un mauvais coup pour son image mais sans conséquences dramatiques pour ses finances.

Déjà l'objet de nombreuses actions en justice outre-Atlantique, les pilules contraceptives commercialisées par Bayer ont pour la première fois fait l'objet d'une plainte en France au mois de décembre.

Son auteur: une jeune femme, Marion Larat, handicapée à 65% après un AVC qu'elle impute à la pilule de troisième génération Meliane, produite par le groupe allemand.

Le 23 janvier, quatorze nouvelles plaintes --l'une après un décès-- ont été déposées contre cinq laboratoires, dont Bayer, mis en cause pour ses pilules de 4e génération Yaz/Jasmine/Jasminelle, accusées de provoquer la formation de caillots sanguins.

Cinq jours plus tard, à la demande de la France, l'Agence européenne du médicament (EMA) annonce le réexamen des pilules de 3e et 4e générations, prises actuellement dans l'Hexagone par 2,5 millions de personnes, soit la moitié des femmes sous pilule.

Le logo de Bayer à Berlin [John Macdougall / AFP/Archives]
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Le logo de Bayer à Berlin
 

Puis l'Agence du médicament (ANSM) annonce mercredi la suspension d'ici trois mois de la vente de Diane 35, produite par Bayer, et de ses génériques, un traitement anti-acné abusivement utilisé comme contraceptif et qui a fait quatre morts en 25 ans.

Aux Etats-Unis, où existe la possibilité de recours collectifs, les pilules de la famille Yaz font déjà l'objet de 13.500 plaintes de femmes leur reprochant un risque de thromboses élevé, selon un décompte remontant à mi-octobre. A cela s'ajoute les quelque 3.500 femmes avec lesquelles Bayer est parvenu à s'entendre, moyennant environ 550 millions d'euros.

A cette même date, Bayer faisait également l'objet de 13 plaintes au Canada et de moins de dix plaintes dans le reste du monde, a indiqué à l'AFP une porte-parole, sans donner plus de précisions.

A cela s'ajoute une plainte déposée aux Etats-Unis contre le stérilet Mirena par une ancienne utilisatrice, qui accuse le laboratoire d'avoir caché les risques liés à l'utilisation du produit. Elle déplore que le produit se colle dans l'utérus et augmente les risques de grossesse extra-utérine.

Une boîte de Diane 35 [Philippe Huguen / AFP/Archives]
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Une boîte de Diane 35
 

Selon l'association allemande Coordination contre les méfaits de Bayer (CGB), au moins deux plaintes ont aussi été déposées en Allemagne contre le laboratoire pour les pilules de la famille Yaz.

"En France, il y a une sensibilité accrue après le scandale du Mediator", relève Brendan Melck, analyste du cabinet de conseil IHS, interrogé par l'AFP.

Mais "dans la mesure où Bayer dispose d'un portefeuille pharmaceutique diversifié, l'impact de possibles pertes en terme de chiffre d'affaires résultant d'une atteinte à sa réputation ou de peurs sur la sécurité (de ses produits, ndlr) a peu de chances d'être important", estime-t-il.

La famille de pilules Yaz est l'un des trois produits phare de la division pharmaceutique du groupe, avec un chiffre d'affaires de plus de 1 milliard d'euros.

Pour se prémunir des risques financiers que font peser sur lui les poursuites aux Etats-Unis, coûteuses par le nombre de plaignantes et les dommages et intérêts réclamés, Bayer s'est constitué aux deuxième et troisième trimestres 2012 une couverture de 700 millions d'euros.

Si la commercialisation de ce produit venait à être interdite en Europe sur décision de l'EMA, "ce serait embêtant pour Bayer", commente une source de marché qui souhaite garder l'anonymat. "Mais on n'en est pas encore là".

Le retrait total de Diane 35 aurait, lui, un impact négligeable, juge-t-elle. Avec des ventes mondiales chiffrées à 182 millions d'euros en 2011, ce médicament ne représente qu'une goutte d'eau dans le portefeuille de produits contraceptifs de Bayer, qui pesait 3 milliards d'euros la même année.

Le laboratoire ne sort toutefois pas indemne de cette mauvaise publicité.

"Ce n'est naturellement pas bon pour l'image de Bayer", déclare Philipp Mimkes, porte-parole de l'association CGB, qui demande la retrait des pilules de 3e et 4e génération du marché.

Bayer se défend en soulignant que le risque de formation de caillot lié à la prise de Diane 35 était "connu et clairement indiqué dans la notice d'information patient", et que ce traitement ne devait être prescrit que contre l'acné. En outre, affirme-t-il, ses contraceptifs oraux "ont un bilan bénéfice/risque positif".

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