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Le Pavillon aux Pivoines, joyau classique chinois, au Châtelet

Le théâtre du Chatelet à Paris, le 18 janvier 2011 [Loic Venance / AFP/Archives] Le théâtre du Chatelet à Paris, le 18 janvier 2011 [Loic Venance / AFP/Archives]

Attention trésor vivant: le grand maître japonais du kabuki, Tamasaburo Bando, donne pour la première fois en Europe sa version du "Pavillon aux Pivoines", joyau de l'opéra classique chinois, pour 7 représentations au Théâtre du Châtelet à Paris du 10 au 16 février.

Tamasaburo Bando, que Rudolf Noureev comparait à Nijinski, a travaillé 5 ans pour monter 3 actes de cette immense épopée de 55 actes composée en 1598. Il a appris à l'oreille la langue utilisée pour l'opéra Kunqu, né dans le sud de la Chine, bien avant l'opéra de Pékin. Il a aussi travaillé sa voix pour chanter un opéra pour la première fois.

Le maître du kabuki (art du chant et de la danse japonais), qui a reçu en juillet 2012 le titre suprême de "Trésor national vivant du Japon", n'a pas dansé à Paris depuis un quart de siècle.

"Personne ne doit manquer son apparition sur une scène, parce que c'est quelque chose que vous ne verrez peut-être pas avant plusieurs centaines d'années, cette grâce qui est donnée à un être, comme quand on voyait Noureev sur un plateau, ou pour ceux qui ont pu voir Nijinski", s'exclame Jean-Luc Choplin, directeur du Châtelet.

C'est la première fois que le spectacle, fruit d'une exceptionnelle collaboration sino-japonaise, avec une cinquantaine d'artistes des deux pays, chanteurs, danseurs et musiciens, est donné en dehors de l'Asie.

"Tamasaburo Bando a tout remonté, il est en quelque sorte directeur, metteur en scène et acteur, puisqu'il joue le personnage principal de la princesse", explique le directeur du Châtelet.

Tamasaburo Bando est en effet un "onnagata", ces acteurs masculins qui interprètent uniquement des rôles de femmes, nés de l'interdiction qu'avaient les hommes et les femmes de jouer ensemble sur une scène. Cette tradition, très vivante au Japon dans le kabuki et le théâtre nô, a preque complètement disparu en Chine.

Slow motion

La trame de l'opéra semble étrangement familière: une princesse hantée par son amour pour un jeune homme pauvre meurt de chagrin et est jugée aux Enfers. Sauvée par le Dieu des pivoines, elle quitte le monde infernal et part à la recherche de son amant.

Tamasaburo Bando, le 9 janvier 2013, lors d'une interview à l'AFP à Tokyo [Yoshikazu Tsuno / AFP]
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Tamasaburo Bando, le 9 janvier 2013, lors d'une interview à l'AFP à Tokyo
 

"Cet opéra de l'apogée du théâtre traditionnel chinois de Kunqu date de 1598, et quelques années après naît l'opéra occidental avec l'+Orfeo+ de Monterverdi. C'est à peu près le même thème, la descente aux enfers, aller rechercher l'âme soeur aux enfers et la ramener, c'est amusant qu'il y ait eu cet espèce d'échange de civilisations", observe Jean-Luc Choplin.

Quelques jours avant de jouer le "Pavillon aux Pivoines", Tamasaburo Bando dansera pour trois soirs des solos de danse kabuki issus de la tradition "jiuta", un art intimiste né à Kyoto et Osaka au début de l'ère Edo (1603-1868).

Le "jiuta" raconte en danse et chant l'intensité des sentiments amoureux. Les trois courtes pièces (un quart d'heure chacune) narrent l'amour du passé, la jalousie, et le ressentiment amoureux.

Drapée dans des costumes féminins somptueux, visage de neige et coiffure savante, c'est une jeune fille délicate qui monte sur scène, et non un homme de 62 ans. "C'est d'une grâce qui n'est donnée qu'à des personnalités très rares", souligne Jean-Luc Choplin.

"C'est plutôt +slow motion+ par rapport à ce qu'on connaît tous: ralentissement garanti. Mais n'est-ce pas ce dont le monde à besoin aujourd'hui, de s'arrêter un peu et de regarder les choses ?"

(Jiuta, solos de danse kabuki, du 5 au 7 février. Le Pavillon aux Pivoines, opéra chinois classique Kunqu (extraits) 10 au 16 février).

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