"C'est comme si la région se réveillait!": près d'un mois après son inauguration, le Louvre-Lens a accueilli plus de 120.000 curieux, une affluence prometteuse pour l'antenne nordiste du grand musée parisien qui s'est fixé un objectif de 700.000 visiteurs la première année.
En cette période de vacances scolaires, quelque 10.000 personnes ont franchi certains jours les portes du musée à l'architecture ultra-moderne, situé en plein coeur du bassin minier, créant des files d'attente "impressionnantes", "traversant tout le hall d'accueil", affirme le directeur du Louvre-Lens, Xavier Dectot.
Pour lui, c'est le signe d'"un vrai engouement pour ce projet", mais aussi "du pari réussi de son appropriation par les gens du territoire".
"C'est comme si la région se réveillait!", s'exclame une des employées chargée de l'accueil, où se pressent par petits groupes les visiteurs pour récupérer un audioguide avant de s'engouffrer dans la Galerie du Temps. "On pensait que le tourisme n'existait pas dans la région, on l'a caché derrière la misère des mines. Mais les gens viennent de toute l'Europe, c'est magnifique", dit-elle dans un grand sourire.
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Nordistes pour plus de la moitié, ces dizaines de milliers de curieux arrivent également de toute la France, de Belgique, Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande ou encore du Canada.
"Nous sommes venus spécialement de la région parisienne, en disant +il y a un monde fou à Paris, autant aller ailleurs+, mais il y a un monde fou ici aussi", témoigne Marie, 52 ans.
"Je ne pensais pas que ça aurait un tel impact. Mais il faut reconnaître que sur Lille, il n'y a pas énormément d'expositions d'envergure, (...) il faut aller systématiquement à Paris", note Patrice, 53 ans, venu de Faches-Thumesnil, au sud de Lille.
Comme lui, les visiteurs de tous âges, venus le plus souvent en famille, déambulent dans la salle sans cloisons pour admirer sarcophages égyptiens, sculptures, retables et tableaux.
La foule peut être parfois compacte, notamment devant "La Liberté guidant le peuple" de Delacroix, l'une des pièces maîtresses du musée, mais "c'est aéré, on peut tout voir dans la salle et aller à son rythme", remarque Maëlle, une jeune Bretonne de passage dans la région après un séjour en Belgique.
"C'est une conception du musée tout à fait nouvelle. On a là la richesse du Louvre original, c'est extraordinaire. Ils ont bien fait de sortir les merveilles qui étaient cachées", s'enthousiame Jean-Pierre, un Normand âgé de 70 ans.
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Le Louvre-Lens, "je l'attendais avec impatience, j'imaginais quelque chose de grandiose, mais ça fait musée de province", regrette quant à elle Françoise, de Douai (Nord).
La principale raison de l'affluence de ces dernières semaines réside selon elle dans la gratuité de la Galerie du Temps pour la première année.
Alors que son grand frère parisien a enregistré en 2012 une fréquentation record avec près de 10 millions de visiteurs, le Louvre-Lens s'est fixé pour objectif 700.000 visiteurs après un an d'existence.
Selon Hassan Bella, responsable de l'Hôtel de France, qui fait face à la gare de Lens, le musée, "grande bouffée d'oxygène pour la ville", a "déjà créé une dynamique". "Ca ne peut être que positif, on prévoit une hausse de 20 à 30% pour le restaurant de l'hôtel" ces prochains mois, même si "ça demande un peu de travail" pour faire en sorte que les visiteurs du Louvre restent à Lens, estime-t-il.