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Un frisson de Brise de mer souffle au procès du Cercle Wagram

Frédéric Graziani arrive au tribunal de Paris, le 5 décembre 2012 [Miguel Medina / AFP] Frédéric Graziani arrive au tribunal de Paris, le 5 décembre 2012 [Miguel Medina / AFP]

Un acteur de la série télévisée "Mafiosa" fait-il un bon prévenu au procès du Cercle Wagram ? Dans ce rôle inédit pour lui, le comédien Frédéric Graziani est le seul à faire ouvertement le lien entre cet établissement de jeux et le gang corse de la Brise de mer.

Jeudi, le tribunal correctionnel qui juge dix prévenus pour avoir chassé de façon musclée les dirigeants du Cercle Wagram en janvier 2011, s'était impatienté de les voir si évasifs sur les dessous de cette entreprise florissante. La présidente Cécile Simon se disait même "sans illusion".

Quatrième suspect entendu depuis l'ouverture du procès mercredi, Frédéric Graziani, mis en examen pour association de malfaiteurs en vue d'extorsion, n'a pas les mêmes pudeurs que ses camarades.

"Au Cercle, j'ai entendu moi à deux reprises Testanière et Rossi dire +Il faut en parler à Angelo+... La légende de la Brise de mer, en Corse tout le monde connaît".

Testanière et Rossi ? Deux étrangers au monde des jeux qui se sont progressivement incrustés au Cercle à partir de 2005 jusqu'à y placer leurs hommes. Angelo ? Un des deux frères Guazzelli, producteur d'huile d'olive en Corse,soupçonné d'être un pilier du gang corse de la Brise de mer ou de ce qu'il en reste.

Pour l'accusation, la branche Guazzelli du gang bastiais a mis la main sur le Cercle Wagram après l'assassinat, en 2008, de Richard Casanova, autre "parrain" de la Brise. Les héritiers de Casanova leur auraient retourné la politesse en les délogeant manu militari le 19 janvier 2011.

"C'est étonnant ce que vous dites-là, lance la présidente à Frédéric Graziani. Il n'y en a pas beaucoup qui disent la même chose que vous. Ils connaissent l'huile d'olive mais c'est tout !"

Fiction et réalité

La franchise de Graziani a-t-elle pour but d'accréditer le rôle de "candide" qu'il s'attribue dans ce dossier ? Comme les six autres prévenus présents -trois sont en fuite-, il conteste toute implication dans un quelconque coup de force.

"Je ne comprends pas ce que je fais là", dit au tribunal ce mince quinquagénaire au profil d'aigle.

Un physique qui a fait des merveilles dans Mafiosa, un des grands succès de Canal+, où Frédéric Graziani a incarné "Manu", un "tueur professionnel", homme de main... d'une jeune veuve corse propulsée à la tête d'un gang après l'assassinat de son oncle.

D'ailleurs, Graziani se sent dans un "mélange de réalité et de fiction. "Je ne sais pas où je suis."

"Je vais vous aider M. Graziani, vous êtes bien dans la réalité", le recadre la présidente.

Dans cette réalité, il se donne beaucoup de mal pour expliquer de façon plausible comment il a pu rencontrer les autres suspects du "putsch" trois fois en moins de 24h00 -ce que l'accusation assimile à des réunions préparatoires- alors que, pour certains, il les connaissait à peine.

Comme les autres prévenus, Graziani parle "sympathie", "apéritif" et même "patriotisme" insulaire. Même lorsqu'il s'agit, le jour du coup de force présumé, de venir du XIeme arrondissement pour un rendez-vous d'un quart d'heure dans un bar du XVIIeme proche du Cercle Wagram.

Un Cercle que Frédéric Graziani connaissait bien pour y avoir exercé un emploi alimentaire durant une période de vache maigre côté cinéma. "Moi je suis dans le jeu, mais dans le jeu d'acteur, c'est tout", jure-t-il.

Le procès est prévu jusqu'au 21 décembre.

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