Le procès du Cercle Wagram a montré comment l'établissement de jeu parisien fut une "manne financière" pour le banditisme corse, a affirmé mercredi le parquet en requérant jusqu'à sept ans de prison contre les prévenus, accusés de s'être emparés de sa gestion par la force.
Après six demi-journées d'audience devant le tribunal correctionnel de Paris, le ministère public a donné sa vision de la "reprise en main minutieusement préparée", en janvier 2011, du Cercle Wagram, situé près des Champs-Elysées, et de son petit frère L'Eldo (IIIe).
Neuf hommes, dont trois en fuite, et une femme sont jugés jusqu'à vendredi pour extorsion de fonds et association de malfaiteurs ou complicité.
Il s'agit, selon l'accusation, des participants à un coup de force intervenu le 19 janvier 2011 lorsqu'un groupe d'individus a débarqué dans l'établissement pour chasser l'équipe dirigeante. Six mois plus tard, le Wagram était fermé sur décision administrative.
Les procureures Vanessa Bronstein et Laetitia Dhervilly ont distingué parmi les prévenus "le cercle" des employés ou anciens employés de l'établissement dont les "intérêts personnels" ont convergé avec le "cercle" des membres du clan corse de Jean-Luc Germani, désireux de s'approprier la gestion du Wagram.
Contre les premiers, soit cinq personnes, le parquet a requis des peines allant de 18 mois de prison avec sursis à cinq an de prison ferme. Dix-huit mois de prison avec sursis ont été requis contre Frédéric Graziani, acteur de la série de Canal+ "Mafiosa".
C'est contre les seconds que les condamnations les plus lourdes ont été requises: sept ans de prison, peine maximale, contre Jean-Luc Germani, en fuite, et six ans de prison contre quatre "hommes de main", dont deux sont en fuite.
Les enjeux de l'opération "extrêmement violente, rapide, efficace", bien que sans arme, menée en janvier 2011 au Wagram, sont "avant tout financiers", ont assuré les procureures décrivant un établissement rôdé dans le "blanchiment" et le "détournement de fonds".
Grâce à une législation défaillante et une certaine indulgence policière, le banditisme, et particulièrement le gang corse de la Brise de mer, avaient pu faire des cercles une "manne financière importante".