Un fils qui avait tué son père à la hachette avant de le découper à la scie et de le brûler dans la cheminée dans une localité au nord de Tarbes vient d'être déclaré pénalement irresponsable et ne devrait jamais être jugé, ont indiqué mercredi la justice et son avocat.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Pau a décidé mardi que Ludovic Vicente, aujourd'hui âgé de 33 ans et interné, était en état d'irresponsabilité lors de la nuit d'horreur du 24 au 25 janvier 2011 au cours de laquelle il a supprimé son père dans leur maison d'Orleix après une querelle sur la propreté de l'évier.
De dérisoires traces laissées par son père dans le receveur de la cuisine ont servi de déclencheur à un homme dont la grande dangerosité, observée par son avocat et les experts, avait échappé à quasiment tout le monde jusqu'alors.
Vicente, qui s'est dit prêt à recommencer devant le juge parce que sa curiosité de sensations devant le crâne fracassé de son père n'avait pas été assouvie selon son avocat, ne s'était signalé que par des violences ordinaires. Il ne faisait l'objet d'aucun suivi psychiatrique ou social, dit son avocat, Me Jacques Bertrand.
Tout au plus les confrères de celui-ci ou des voisins l'avaient-ils trouvé bizarre, mais "il avait un travail et pouvait paraître sans histoire", dit son conseil. Et, en effet, "ce qui est curieux, c'est que, par ailleurs, il est très sympathique, il donne une apparence de normalité".
Pourtant Vicente n'exprime aucun remords d'avoir tué son père même s'il parle de ce dernier comme d'un "brave type" avec lequel il avait de "petits conflits", dit Me Bertrand; s'il a des regrets, c'est à cause des projets personnels qu'il formait et des poules et des chiens qu'il a confiés aux voisins avant de se constituer prisonnier.
Aujourd'hui enfermé à l'Unité pour malades difficiles de Montfavet (Vaucluse), service spécialisé dans le traitement des malades mentaux très dangereux, Vicente parle de son crime avec précision et détachement.
Ce jour-là, dans la maison qu'il partage avec son père, "le diable est entré en (lui) pour (qu'il) punisse son père" quand celui-ci laisse des marques dans l'évier. Vicente considérait son père, un retraité de 60 ans, comme un "boulet". Il dira au cours de l'enquête en vouloir à une cinquantaine de "boulets", ajoutant aux certitudes des experts sur sa dangerosité.
Il a alors frappé son père. Quand celui-ci est resté immobile au sol, il est allé chercher une hachette et une scie.
A cet instant, il reproche encore à son "boulet" de père le mauvais affûtage de la hache. Le cerveau de la victime le fascine, dit son avocat, il veut voir la réaction à l'intérieur du crâne. Il dira plus tard au juge sa déception. Il lui dira aussi que, contrairement à ce que l'on pourrait croire, c'est le cerveau qui brûle le plus lentement.
Il a ensuite pris toute la nuit pour brûler le cadavre dans la cheminée. Il a mis les cendres dans la brouette, a envisagé de les jeter sur le fumier et s'est ravisé en pensant à la colère éventuelle de sa tante, relate son avocat. Puis il s'est livré.
Vicente, parti avec sa mère bien des années auparavant, était revenu de lui-même chez son père, dans un milieu modeste, mais sans difficultés financières ni sociales, dit son avocat. Son père avait peur de lui. Mais il n'avait jamais porté plainte.
Selon son avocat, la chambre de l'instruction a ordonné son internement pendant 20 années, sauf évolution de son état. Les experts ne sont pas très optimistes et "s'il devait sortir un jour, il faudrait qu'un collège d'experts apprécie sa dangerosité", dit Me Bertrand.