L'élection dans les Très petites entreprises (TPE) pour le choix d'un syndicat débute mercredi et durera deux semaines, un scrutin inédit, largement méconnu des 4,6 millions de salariés peu au fait des enjeux sociaux et que les organisations syndicales tentent de séduire.
Les électeurs - 3,5 millions de personnes travaillant dans des entreprises de moins de 11 salariés et 1,1 million d'employés à domicile - peuvent, quelle que soit leur nationalité, choisir un syndicat, par voie électronique ou par correspondance.
Les électeurs sont d'horizons très variés: commerces de proximité, coiffure, artisanat, spectacle, travailleurs du bâtiment, nounous, garagistes, professions libérales (avocats, architectes, notaires).
Le scrutin est original puisqu'il ne s'agit pas d'élire des représentants - les salariés des TPE n'ayant pas droit à des délégués - mais une organisation, sur son sigle.
"La grande majorité des électeurs a déjà reçu le matériel de vote" (code pour un vote par internet, enveloppe affranchie, professions de foi des syndicats) et les autres "le recevront dans quelques jours, compte tenu des délais postaux", indique à l'AFP le ministère du Travail, chargé de l'organisation de ce scrutin.
Neuf syndicats se disputent leurs voix: CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires, ainsi deux autres peu connues (CNT, CAT). Quelque trente autres sont localement.
"Chaque électeur pourra choisir au plus entre 13 organisations" nationales ou régionales, indique-t-on au ministère. Le résultat du scrutin, clos le 12 décembre, est attendu le 21 décembre.
La participation s'annonce faible
La grande inconnue est le taux de participation, qui s'annonce faible, les estimations tournant autour de 10%.
"La participation sera malheureusement faible. On s'aperçoit au contact des salariés des TPE que la plupart ignorent totalement qu'il y a des élections! Ils ont reçu un document en septembre" de la part du ministère "auquel ils n'ont pas fait attention", relève auprès de l'AFP Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC.
Selon lui, "il y a très peu de moyens pour cette campagne. 98% des salariés des TPE sont au courant qu'à l'UMP ils sont en train de se battre mais pour ces élections, il n'y a eu aucun débat organisé à la radio ou à la télé", regrette-t-il.
Recevant mardi son matériel de vote, une nounou affirmait : "J'ai cru que ça venait des impôts, je l'ai mis de côté!"
Le gouvernement a pourtant alloué 20 millions d'euros notamment pour une campagne de promotion, avec spots radio et encarts dans la presse.
Mais il y a aussi "le problème de fond d'une absence syndicale dans les TPE", reconnaît M. Thouvenel. Ces élections sont l'occasion d'approcher ces salariés. Les syndicats ont multiplié les porte-à-porte, en particulier auprès des commerçants, les assurant d'un suivi après le scrutin pour les aider.
FO a ainsi distribué deux millions de dépliants et autres badges pour les informer "de leurs droits".
La CFE-CGC, qui ne peut solliciter que le vote du collège cadres (10% des électeurs, essentiellement composés de gérants salariés et des professions libérales), mène une "campagne ciblée" de contact avec ces entreprises et espère 25% des voix de ce collège, souligne Bernard Vincent, membre de la direction.
De son côté, l'UPA, organisation patronale des artisans, affirme "sensibiliser les chefs d'entreprise" pour "faciliter" le vote.
Le résultat de ces élections est crucial pour les syndicats puisqu'il sera agrégé à celui dans les plus grandes entreprises - qui ont déjà eu lieu - pour dresser en 2013 la liste des syndicats représentatifs pour les quatre prochaines années, jusqu'au prochain vote.