C’est une histoire d’amour qui dure depuis des années. Le facteur est l’un des trois personnages de la vie quotidienne que préfèrent les Français, selon un sondage TNS Sofres pour La Poste diffusé mardi. Mais pour Philippe Cornélis, secrétaire fédéral de SUD-PTT, cet attachement est en danger.
Le facteur est l’un des trois personnages du quotidien préférés des Français, avec le boulanger et le pompier. Est-une surprise ?
Pas vraiment, puisque les facteurs ont une image forte auprès de la population, c’est vrai. Mais c’est un élément en cours de dégradation dans les régions, à cause de la productivité accrue recherchée par La Poste. Le service est moins bien rendu dans certains quartiers, les distributions de courriers perturbés à cause du manque d’effectifs. La Poste se félicite de cet attachement mais critique le lien social que les facteurs tentent de garder.
Ce lien social, justement, est-il aussi important que la mission première du facteur ?
La distribution du courrier est très importante, c’est le rôle clé. Mais c’est le lien social avec les Français qui permet d’établir cette image de marque. Pourtant, aujourd’hui, on refuse que les facteurs passent du temps à discuter avec les gens, et donc à terme, cela pourrait changer.
Où se construit le lien entre le facteur et les Français ?
Principalement sur sa tournée, mais les guichets jouent aussi de leur côté leur rôle de lien social. C’est tout simplement une question de service public, mais La Poste donne l’impression de préférer vendre des produits à tout prix.
Les Français estiment par ailleurs que le métier de facteur devrait évoluer, en y incluant notamment le portage de médicaments ou le relevé des compteurs de gaz…
D'autres prestations, cela existe déjà, mais dans des proportions limitées. Ce sont des services pour les entreprises, donc on ne sait pas très bien quelles sont les répercutions sur les prix. L’autre problème est que la politique de productivité de La Poste rend la charge de travail des facteurs de plus en plus lourde, et certains font des heures supplémentaires non payées. D’autres prestations pourraient donc être vécues comme un accroissement de la pénibilité.