Marseille a appris samedi le classement de cinq de ses 16 arrondissements, principalement dans les quartiers nord, en zone de sécurité prioritaire, une annonce saluée par les élus socialistes de ces quartiers alors que la ville vient de connaître quatre fusillades en une semaine.
Parmi les quinze premières ZSP, dont les noms ont été révélés par Le Parisien/Aujourd'hui-en-France, figure une zone mixte gendarmes-policiers, comprenant les 3e, 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements de Marseille, ainsi que deux autres communes des Bouches-du-Rhône, Gardanne et Bouc-Bel-Air.
Avec ces zones, une des promesses de campagne de François Hollande, il s'agit de cibler des territoires "caractérisés par une délinquance enracinée et de fortes attentes de la population", avait indiqué le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, au mois de juin.
Les ZSP devraient combiner l'action de différents services de l'Etat: police et gendarmerie, mais aussi justice, fisc ou encore différents services en charge de la répression des fraudes diverses, selon une source proche du dossier.
M. Valls, qui avait fait le 21 mai son premier déplacement en province à Marseille, a donc accédé aux attentes des élus de ces quartiers, administrés par des socialistes. Ceux-ci réclamaient depuis des années une prise en compte spécifique pour des zones régulièrement touchées par des règlements de comptes sur fond de trafics de stupéfiants.
Patrick Mennucci, député d'une circonscription regroupant les arrondissements du centre de Marseille, dont le 3e, s'est "félicité de la mise en place d'une action de sécurité renforcée", qui vient s'ajouter aux mesures mises en place dans le centre-ville depuis dix mois par le préfet de police Alain Gardère.
"J'attends de la visibilité policière pour que la population reprenne confiance", a déclaré à l'AFP M. Mennucci. "C'est un premier pas", a-t-il estimé, tout en réitérant sa proposition de création d'une juridiction spécialisée destinée à "lutter contre les trafics de stupéfiants dans les cités et l'enrichissement des caïds", qui prennent le pas sur le banditisme classique.
Le maire des 13 et 14e arrondissements Garo Hovsepian, qui prône le déploiement d'une "nouvelle police de proximité connaissant les acteurs et les spécificités locales", s'est lui aussi dit, dans un communiqué, "très satisfait d'avoir été entendu par le ministre de l'Intérieur". Même réaction pour Henri Jibrayel, député des quartiers nord, face à "l'insécurité qui règne à Marseille".
Insécurité qui s'est une nouvelle fois traduite ces derniers jours par une série de fusillades.
Rien que dans la nuit de vendredi à samedi, deux hommes ont été blessés par balles. L'un, un restaurateur sénégalais de 46 ans, a été ciblé par un agresseur dans le hall de son immeuble de la cité de Campagne-Lévêque, dans les quartiers Nord. L'autre, âgé de 25 ans, a été visé dans le quartier de Mazargues (9e arrondissement, sud) alors qu'il circulait sur un scooter, par le passager d'une moto armé d'un pistolet automatique Colt .45 de calibre 11,43 mm. Interpellé par le passé à 29 reprises, notamment pour trafic de stupéfiants, il a été touché de deux impacts à l'abdomen et au bras.
Mardi soir, un homme de 26 ans avait également été blessé par balles tirées par un pistolet de calibre 45 dans la cité Le Bengale, dans les quartiers sud, trois jours à peine après la mort de Salim Brahima, 25 ans, tué dimanche d'une rafale de Kalachnikov dans la cité des Lauriers (13e arrondissement).
Depuis le début de l'année, au moins 16 règlements de comptes mortels ont été recensés dans les Bouches-du-Rhône, soit déjà plus que sur l'ensemble de l'année 2011 (16 victimes décédées, dont 13 à Marseille).