La Banque alimentaire a défendu lundi la décision de son antenne du Vaucluse d'accepter de la viande de taureaux tués lors d'une corrida que lui proposent des abattoirs, celle-ci représentant l'équivalent de 10.000 repas, un geste dénoncé par des militants anti-corrida.
"Serait-il raisonnable de jeter et de détruire cette viande plutôt que de la donner ?", a réagi Maurice Lony, directeur fédéral de la Banque alimentaire, dans un communiqué, tandis que la polémique prenait de l'ampleur.
La viande donnée par les abattoirs Alazard et Roux de Tarascon (Bouches-du-Rhône), partenaire régulier de la Banque alimentaire du Vaucluse, est celle de six taureaux tués dimanche dans les arènes de Châteaurenard. Sa valeur commerciale est d'environ 5.000 euros.
La consommation locale de la viande issue des corridas est autorisée dans les départements à tradition tauromachique.
L'initiative des abattoirs, annoncée dans la presse locale, a été dénoncée sur Facebook par des militants anti-corrida, puis la Fédération des luttes pour l'abolition des corridas (FLAC) a pris le relais dans la presse et en écrivant à la Banque alimentaire du Vaucluse.
"Nous vous demandons avec toute notre force de renoncer à cette viande issue d'une souffrance particulièrement révoltante. Comme c'est le cas pour les Restos du Coeur qui l'ont toujours refusée. Ajouté à cela, cette viande stressée et pleine de toxines n'est pas sans risque", écrit dans un courriel Thierry Hély, chargé de communication à la FLAC.
"Pour nous, cela pose un problème éthique. La présidente de la Banque alimentaire du Vaucluse n'a pas conscience qu'accepter un tel don, ce n'est pas moral. Cette viande a une odeur de barbarie", a ajouté M. Hély auprès de l'AFP.
"Nous reconnaissons aux associations et aux personnes le droit de s'indigner contre la pratique de la corrida. Mais pour notre part, nous nous indignons de l'état d'insécurité alimentaire que connaissent près de 23.000 personnes du Vaucluse", a rétorqué M. Lony dans le communiqué.
"Si elle n'est pas offerte à la Banque alimentaire, la viande sera soit commercialisée, soit transformée en farine animale, soit détruite. Nous offrons une autre possibilité qui fera que cette viande aura une destination utile", a-t-il ajouté.
"Cette viande est consommée uniquement par des amateurs pendant la saison des ferias. Mais historiquement, on la donnait aux nécessiteux dans les villages. L'idée, c'est de renouer avec cette tradition", a pour sa part expliqué à l'AFP Olivier Roux, le patron des abattoirs.
"En cette période de crise, il y a des gamins qui ne bouffent pas de protéines animales. Alors pourquoi ne pas relancer le truc ? D'Arles à Biarritz, sur les 700 taureaux mis à mort chaque année, ça ferait du bien", a-t-il dit.