Après avoir été déposée le 27 mars dernier et examinée en commission du Sénat le 6 novembre, la proposition de loi, portée par les sénateurs Samantha Cazebonne et Arnaud Bazin, a été examinée et rejetée en séance publique ce jeudi 14 novembre.
Les clivages entre protecteurs des traditions locales et défenseurs de la cause animale ont occupé le Sénat, ce jeudi 14 novembre. Une proposition de loi visant à interdire la corrida et les combats de coqs en présence de mineurs de moins de 16 ans y a été examinée puis rejetée en séance publique, alors qu'une grande partie de l'hémicycle avait déjà donné son premier feu rouge lors de son examen en commission, le 6 novembre dernier.
La proposition avait été déposée le 27 mars par les sénateurs Samantha Cazebonne (Renaissance) et Arnaud Bazin (LR). Ce jeudi, ses partisans ont dit vouloir protéger les enfants de scènes «traumatisantes», tandis que ses opposants craignaient «la mort» de la tauromachie en France. Ces derniers l'ont finalement emporté, avec un rejet voté à 237 voix contre 64.
La présidente de l'alliance anticorrida, Claire Starozinski, a réagi, estimant que «la France a raté l'occasion de se mettre en conformité avec les recommandations du comité des Droits de l'Enfant (de l'ONU), qui a recommandé d'interdire l'accès des mineurs aux spectacles de tauromachie».
Dans un communiqué publié en octobre dernier, Samantha Cazebonne avait écrit qu'«un ensemble de psychiatres et psychologues français mettent ainsi en garde contre le traumatisme que peut générer le fait d’assister à des scènes violentes sous des applaudissements d’adultes de confiance, auprès de qui il sera difficile de faire admettre la tristesse ou l’anxiété provoquées (…)».
Mais le camp des défenseurs de la tauromachie, lui, a appelé à préserver la «tradition locale» et a laisser le choix aux familles. «En considérant que seuls les parents ont le droit d'inclure ou pas la culture taurine dans l'éducation de leurs enfants (...) le Sénat a franchi une étape importante sur le chemin de la protection définitive de la corrida en France», s'est félicité l'Union des villes taurines françaises (UVTF).
Des sanctions jugées excessives
Les sanctions prévues par le texte, pouvant aller jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende, ont également été jugées excessives, de même que la responsabilisation des organisateurs avant les mineurs et leurs familles.
Les auteurs du texte ont par ailleurs été accusés de vouloir cibler la corrida elle-même et de tenter de la faire disparaître en invoquant la protection de l'enfance.
Cela fait plus d’une vingtaine d’années que la lutte contre la corrida et les spectacles associés fait rage. En 2022, le député LFI Aymeric Caron (aujourd’hui apparenté au Nouveau front populaire) était parti au front et avait déposé une proposition de loi visant cette fois-ci à abolir la corrida. Il avait finalement retiré son texte et l'Assemblée nationale n'était donc jamais passée au vote.