Les extraits des enregistrements de Merah diffusées dimanche par TF1 frappent par la détermination du jeune homme à poursuivre sa folie meurtrière et son absence totale de remords.
Derrière l'accent méridional du "tueur au scooter" qui a froidement abattu sept personnes quelques jours auparavant, le ton est calme, posé. Amusé même quand il explique qu'il ne peut faire cuire son repas, son micro-ondes étant criblé de balles. Voilà l'impression que l'on peut avoir à l'écoute du document révélé par TF1 ce dimanche soir.
Il s'exprime clairement, malgré quelques tics de langage comme "T'as vu" et "voilà". "Je suis quelqu'un de déterminé, je n'ai pas fait ça pour me laisser faire attraper, t'as vu", "Donc voilà, sachez qu'en face de vous, vous avez un homme qui n'a pas peur de la mort, moi la mort, je l'aime comme vous vous aimez la vie."Dans les quatre heures et demie d'échanges que TF1 dit détenir, Mohamed Merah raconte ses contacts avec Al Qaïda, décrit les actions qu'il envisageait ou son style de vie "fashion": "ça fait partie de la ruse, tu vois." Car "la guerre est une ruse."
Le négociateur avec lequel il échange, "Hassan", est l'agent de la DCRI. C'est lui qui l'a rencontré de retour de son voyage au Pakistan quelques mois auparavant. Il lui explique les assassinats de trois parachutistes à Toulouse et Montauban puis de trois enfants et d'un père de famille juifs.
"Mon but dans ces attentats, c'était de tuer en priorité des militaires parce que ces militaires-là sont engagés en Afghanistan, et tous leurs alliés t'as vu, que ce soit de la police, de la gendarmerie, de la police nationale, de tout", dit-il.
Ozar Hatorah n'était pas un objectif
Il raconte comment ayant raté une cible, un autre militaire, il s'est rabattu sur l'école juive Ozar Hatorah. Il dit: "J'ai repris le scooter et je suis passé comme ça, ce n'était pas prémédité, enfin si, je comptais le faire, t'as vu, mais le matin en me réveillant c'était pas mon objectif."
Merah raconte ses périples en Afghanistan et au Pakistan. "Tu crois que je vais faire du tourisme au Pakistan et en Afghanistan? Qui t'as vu faire du tourisme dans ces pays-là ?", ironise-t-il. "J'ai fait plusieurs pays afin de trouver les frères. Quand je les ai trouvés, c'est quand j'ai été au Pakistan" en 2011.
Merah expliquera qu'il était prêt à de nouveaux carnages. Il savait qu'un jour "ça allait être vraiment chaud pour moi, qu'il y allait avoir des barrages, tout ça." Alors, "j'aurais tout fait au culot, je serais entré dans les commissariats, j'aurais abattu le policier qui est à l'accueil, j'aurais abattu des gens dans la rue, des gendarmes qui circulent en voiture, aux feux rouges, j'aurais mis des guet-apens."
"J'allais faire tout au hasard et sans aucune préparation", ajoute-t-il. Dans la nuit du 21 au 22 mars, Merah dit qu'il ne se rendra finalement pas. Les négociateurs ne lui permettent pas de parler à sa mère. Il mourra dans l'assaut du Raid douze heures plus tard.