Le dernier membre du noyau dur du groupe de lutte armée Action Directe, Jean-Marc Rouillan, condamné en 1987 pour l'assassinat du PDG de Renault, bénéficiera vendredi d'une liberté conditionnelle qui signera l'épilogue judiciaire d'une page noire des années 80.
Le cofondateur de l'ex-organisation armée d'extrême gauche, 59 ans, était déjà sorti de la prison des Baumettes à Marseille, il y a un an. Il bénéficiait d'un régime de semi-liberté, muni d'un bracelet électronique.
L'avocat de l'ancien activiste, Me Jean-Louis Chalanset a rappelé qu'il était "le dernier des quatre membres d'Action Directe à être sorti de prison", après son ancienne compagne, Nathalie Ménigon, et Georges Cipriani. Joëlle Aubron, qui avait bénéficié en 2004 d'une suspension de peine pour raison médicale, est morte d'un cancer en 2006.
Avec les trois autres membres du groupe, Jean-Marc Rouillan avait été arrêté en 1987 dans une ferme à Vitry-aux-Loges (Loiret) et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, notamment pour les assassinats de l'ingénieur général de l'armement René Audran et du PDG de Renault Georges Besse.
Il avait déjà bénéficié d'un régime de semi-liberté, mais celle-ci avait été révoquée fin 2008 pour une interview accordée à L'Express dans laquelle l'homme déclarait qu'il ne "crachait" pas sur tout ce qu'il avait fait, ce qui lui avait valu de retourner en prison pendant deux ans et demi.
Le tribunal d'application des peines (TAP) de Paris lui avait accordé une liberté conditionnelle le 13 avril dernier mais le parquet avait fait appel de cette décision, impliquant que M. Rouillan retourne en détention. L'appel ayant été rejeté mardi, l'ancien dirigeant d'Action Directe sera placé en liberté conditionnelle vendredi.
Il aura passé au total 24 ans en prison, sans compter les périodes de semi-liberté.
M. Rouillan restera soumis pendant six ans à de nombreux contrôles. Il devra résider dans le département des Bouches-du-Rhône, indemniser les victimes à hauteur de 150 euros par mois et ne pas porter d'armes.
Lui qui a déjà publié une dizaine de livres ne devra pas s'exprimer publiquement au sujet des faits pour lesquels il a été condamné, ni les évoquer dans des ouvrages ou des articles.
Par ailleurs, obligation lui est faite de travailler. "Il continuera à travailler pour la maison d'édition Agone" qui l'employait déjà à Marseille, a déclaré son avocat.
Les éditions Agone, qui ont déjà publié sept ouvrages de Jean-Marc Rouillan, avaient déjà employé l'ancien activiste pendant quelques mois à partir de fin 2007, en mettant en avant leur volonté d'offrir une aide à la réinsertion d'un détenu.
Cette maison d'édition, qui pratique l'autogestion et l'égalité des salaires au sein de son équipe, s'inscrit "dans l'héritage des mouvements politiques d'émancipation opposés au système capitaliste", avait expliqué à l'AFP en décembre 2007 l'un de ses dirigeants, Thierry Discepolo.
Lors de son précédent passage chez Agone, Jean-Marc Rouillan était notamment chargé de la relecture et de la révision des textes, de recherches et de rédaction d'annexes.