Il est l’un des visages de cet Euro. Sa barbe, sa gouaille, ses touches longues, son investissement à chaque rencontre, mais aussi son bel état d’esprit en conférence de presse ou lors des interviews auront marqué la compétition.
Aron Einar Malmquist Gunnarsson est issu de la génération 1989. Une génération dorée pour l’Islande, puisque nombre de joueurs de la sélection en sont issus. C’est d’ailleurs une composante importante de cette équipe soudée et homogène : certains des ses éléments jouent ensemble depuis la catégorie u17 (moins de 17 ans). Après la victoire face à l’Angleterre, Gunnarsson mettait d’ailleurs l’accent sur cette cohésion : «On ne perd jamais confiance quand on défend, l’équipe est soudée. Quand je regarde mon coéquipier, je sais qu’il se sacrifiera pour rattraper mes erreurs et je ferais exactement la même chose pour lui. C’est notre attitude, notre mentalité. Et puis on y croit toujours».
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Du hand au foot
Rien ne le prédestinait pourtant à devenir footballeur international, lui qui vient d’une famille de handballeurs (frère professionnel en Allemagne, père semi-pro en Islande). Il a d’ailleurs longtemps privilégié le hand, avant d’opter pour le football à son arrivée à Coventry, à 15 ans. «J'avais du plaisir au foot, je n'en avais pas au hand, c'était trop simple pour moi», a-t-il déclaré à Sofoot.
Très rapidement, Aron Gunnarsson fait son trou en équipe première au Coventry City Football Club. Outre son niveau de jeu, il se fait vite connaître pour ses remises en jeu. Chaque touche dans la moitié de terrain adverse devient une occasion pour Coventry quand Gunnarsson est sur le terrain. De là à partir dans le cliché du bucheron aux bras surpuissant, il n’y a qu’un pas, que Gunnarsson ne franchit pas. «On peut avoir les bras deux fois plus gros que les miens, ça ne changera rien. Tout dépend de la manière dont vous lancez, pas de la force avec laquelle vous le faites» explique-t-il à Goal, mettant l’accent sur la technique plus que sur la puissance.
«Gunnarsson est une arme pour eux»
Aujourd’hui encore, ces touches constituent une force importante. Roy Hodgson, le sélectionneur anglais l’avait d’ailleurs mentionné en conférence de presse avant le huitième de finale : «Il faut être un peu aveugle pour ne pas se rendre compte que Gunnarsson est une arme pour eux. Il ne lance pas seulement le ballon dans la surface de réparation, mais il prend en charge des touches depuis son propre poteau de corner et tente de lancer le ballon jusqu'à la ligne médiane. Ce sont des choses dont on est conscients et pour lesquelles on se prépare».
Transféré à Cardiff, au Pays de Galles (mais qui évolue dans le championnat anglais), il touche enfin à son rêve : « Cela fait maintenant longtemps que je suis en Angleterre et jouer en Premier League était un rêve que je poursuivais. C’est le meilleur championnat au monde. J’ai travaillé dur et atteindre cet objectif, sous les couleurs d’un club qui m’est si cher, est quelque chose de formidable». Encore mieux, il est le premier buteur de l’histoire du club gallois en Premiere League (victoire face à Manchester City 3-2). S’il n’en fait pas toute une histoire, c’est tout de même la preuve que Gunnarsson sait élever son niveau lors des grands rendez-vous. «C’est forcément agréable, mais finalement, la seule chose à retenir, ce sont les trois points. C’était le premier match, absolument toute la ville attendait cela. On ne voulait pas se louper».
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L'âme de sa sélection
Plus que le lanceur officiel de ballons, Aron Gunnarsson est l’âme de sa sélection. Il est une légende absolue dans sa ville natale d’Akureyri, où il semble avoir plus d’influence que le maire. Pourtant, son rôle en sélection aurait pu être différent sans un homme, son sélectionneur, Lars Lagerback. Arrivé en octobre 2011, «il a su parfaitement faire partager son expérience, et a apporté une nouvelle philosophie de jeu», explique Gunnarsson, qui ajoute «il nous a donné confiance. Il a su nous faire prendre conscience du gros potentiel que nous avions, malgré la petite taille de notre pays». Surtout, il lui a confié le brassard, alors que des monstres sacrés de la dimension de Guðjohnsen étaient encore présents.
«Je peux dire que nous sommes prêts»
Clin d’œil du destin, c’est face à la France, que Gunnarsson a étrenné ce brassard de capitaine, en 2012. Il ne l’a depuis plus quitté, prouvant son attachement pour ce maillot à chaque fois qu’il en a eu l’occasion. L’Euro 2016, véritable révélateur du niveau de jeu des sélections méconnues est vu comme une chance inouïe pour les Islandais. Une attente évidente que Gunnarsson avait anticipé, mais qui ne semble pas l’avoir mis sous pression. «J’attends ce moment depuis que je suis tout petit, depuis mon enfance je rêve d’arriver ici. C’est difficile de décrire à quel point je suis fier de représenter mon pays ici. Mais je peux dire que nous sommes prêts», déclarait-t-il en conférence de presse au début de la compétition. Nul ne doute que les Islandais sont eux aussi fiers des prestations de leur sélection qui enchante tous les fans de football. Gunnarsson profite d'ailleurs de cette exposition plus que tout autres, preuve en est le travail d'un artiste italien autour de son visage.
Cette compétition estivale pourrait être encore plus importante que prévu pour Aron Gunnarsson. Sa dernière saison dans son club de Cardiff City fut compliquée, de nombreux jeunes formés au club lui étant passés devant, Gunnarsson a démarré beaucoup de matchs sur le banc. Avant le début de la compétition, les journalistes sportifs anglais estimaient d’ailleurs que le club allait essayer de le vendre. Nul doute que ses performances estivales pourraient changer la donne, d’autant plus que le fait d’être le capitaine de l’équipe qui a éliminé l’Angleterre lui donnera une cote d’amour considérable à Cardiff.