Il est temps pour Luka Modric de mettre les pendules à l'heure : habituel métronome du Real Madrid, le talentueux milieu offensif n'a pas souvent été au rendez-vous avec l'équipe de Croatie, un décalage qu'il doit faire oublier à l'Euro 2016 en France.
Petit à petit, le joueur natif de Zadar a réussi à retourner l'opinion madrilène par sa régularité, s'attirant les éloges de ses entraîneurs successifs. «Il nous a maintenu en vie», a lancé en février le technicien français Zinédine Zidane après un but providentiel à Grenade en Championnat d'Espagne. «Modric sait jouer à divers postes, y compris comme N.10. Il l'a démontré, il a une qualité de frappe phénoménale.» Sous les ordres de «Zizou», nommé début janvier, «Lukita» semble d'ailleurs s'épanouir plus que jamais. «Zinédine était mon idole», a récemment raconté le Croate sur le site internet de la Fifa. «Chaque instruction qu'il donne est un trésor qui aide à devenir meilleur sur le terrain.»
Au Real, le maître du tempo
Sans lui, le Real n'est pas le même. Précieux par sa justesse technique et sa capacité à transpercer les lignes adverses, Modric est l'homme qui donne le tempo dans l'entrejeu merengue. Le meneur de poche (1,74 m, 65 kg) avait pourtant été élu pire transfert de l'année 2012 par les internautes du journal madrilène Marca. Mais l'ancien joueur de Tottenham a rebondi avec beaucoup de force morale, dans la droite ligne d'un destin tourmenté, son enfance ayant été marquée par le conflit en ex-Yougoslavie.
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En sélection, des rendez-vous manqués
Avec l'équipe de Croatie, en revanche, tout est plus compliqué. En 2008, à seulement 22 ans, le blondinet aux cheveux longs avait brillé à l'Euro et intégré l'équipe-type du tournoi, malgré l'élimination de la sélection aux damiers contre la Turquie en quarts (1-1, 1 t.a.b. à 3). Mais ensuite, les choses se sont gâtées pour le milieu international (89 sélections, 10 buts) avec une série de résultats décevants: qualification manquée pour le Mondial 2010, élimination aux premiers tours de l'Euro 2012 et du Mondial 2014.
L'été dernier, la sélection croate a bien failli sombrer dans la crise avec le limogeage du sélectionneur Niko Kovac en septembre et la nomination du méconnu Ante Cacic. «Cela a amené de la paix et de la confiance», a néanmoins jugé Modric. «Tout est réuni pour que nous réussissions un bon Euro, mais on verra bien.»
En France, l'heure de briller
Pour sa cinquième grande compétition internationale depuis le Mondial 2006, Luka Modric espère enfin convaincre à l'Euro 2016 en France (10 juin-10 juillet), même si le groupe D n'est pas le plus facile avec l'Espagne, la Turquie et la République tchèque. «Dans un Euro, il y a beaucoup de facteurs qui influent sur le résultat final. Il faut notamment avoir un peu de chance au bon moment. J'espère que ce sera le cas», souligne le meneur croate.
Est-ce enfin l'heure de cette génération riche en talents (Rakitic, Mandzukic, Perisic, Kovacic...), souvent comparée à la grande équipe croate qui avait fini troisième du Mondial-1998 ? «Nous sommes très flattés d'entendre cela, car il y a tout de même eu de très grandes équipes de Croatie par le passé. Le temps dira si nous méritons ces louanges», conclut Modric.