Le monde du vin possède un vocabulaire bien à lui, parfois difficile à appréhender. Mais pour certains, ce lexique s'avère raciste et sexiste.
C'est en tout cas l'avis d'Esther Mobley, une journaliste et critique de vins américaine. Selon, elle, les mots utilisés dans le monde entier pour décrire les différents millésimes excluent de fait une grande partie de la population.
Trouvant dans leur grande majorité leur origine en France, ces mots se réfèrent à tout un monde familier de «la culture blanche occidentale», explique-t-elle dans le San Francisco Chronicle.
Wine language is so often absurd that it’s a punchline. But now it’s clear that the language isn’t just intimidating and opaque — it’s also inextricable from racism and sexism.https://t.co/kCcMLQdilS
— San Francisco Chronicle (@sfchronicle) September 8, 2020
«Brioche», «garrigue», «fleur de sel» ou encore «sous-bois», autant de termes, en français dans le texte même à l'étranger, qui ne parlent qu'à une frange de la population ayant une connaissance importante de la France ou de sa gastronomie et à certaines «classes» de la société.
«J'ai passé des années à entendre «pâte de fruit» dans un contexte de vin avant de pouvoir en déguster une réellement», explique ainsi la journaliste. Pas étonnant alors selon elle que, aux Etats-Unis, moins de 1% des vignerons soient noirs.
Alors que le monde du vin cherche à diversifier ses acteurs, producteurs comme consommateurs, la critique plaide pour une plus grande accessibilité. Et cela passe par le vocabulaire utilisé.
D'autant que ce vocabulaire peut également s'avérer sexiste, comme le rappelle Esther Mobley. Traditionnellement, on qualifie en effet de «masculin» un vin puissant, voire agressif, et de «féminin» un vin plus fin, élégant, floral.
Des définitions stéréotypées qui ne sont plus en accord avec les standards de la société actuelle. Et l'auteur de citer l'écrivain et critique Jay McInerney, qui aime à comparer un vin riche et voluptueux à Pamela Anderson, ou au contraire un vin maigre, tendu, à Kate Moss.
Une façon très masculine et hétéronormée de décrire les alcools, qui heureusement tend à disparaître au fil des ans.