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Mort de Thomas : un mois après le drame, l’enquête se poursuit pour éclaircir les zones d’ombre

Plus d’une centaine de témoignages ont pu être recueillis par les enquêteurs après le meurtre de Thomas dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 novembre. [OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP]

Un mois jour pour jour après le décès du jeune Thomas, 16 ans, poignardé à la sortie d’une fête de village organisée à Crépol (Drôme), l’enquête se poursuit pour identifier l’auteur du coup de couteau mortel et la responsabilité des neuf personnes interpellées dans cette affaire.

Une enquête qui avance pas à pas en raison de l’importance de la couverture médiatique puis politique de cette affaire. Dans la soirée du samedi 18 au dimanche 19 novembre, un adolescent de 16 ans prénommé Thomas a été mortellement poignardé après une altercation lors d’un bal organisé à Crépol (Drôme).

Un mois après ce drame, certaines zones d’ombre subsistent dans ce dossier comme l’identité du jeune homme derrière le coup de couteau mortel ou encore le mobile exact du meurtre.

Néanmoins, sur cette dernière question, les investigations ont progressé. La piste initiale d’une rixe préméditée a d’abord été privilégiée par les forces de l’ordre avant qu'elles ne retiennent plutôt celle d’une bagarre de fin de soirée.

Une altercation en deux temps

D’après l’enquête menée par les gendarmes de la section de recherches de Grenoble, une altercation aurait éclaté entre un jeune rugbyman de Crépol et un homme de 22 ans. Cette dernière aurait commencé après que le sportif a comparé les longs cheveux bouclés du second à celle d’une fille lors du passage de la musique «Tchikita» du rappeur Jul lors de la soirée.

Cette même source a indiqué que l’explication entre les deux protagonistes a tourné court dans le sas d’entrée de la salle de bal puisque le rugbyman aurait reçu l’aide de quelques coéquipiers de son club dans la bagarre. Son opposant a déclaré s’être retrouvé sonné après avoir reçu des coups de poing et de pied. 

Dans un second temps, une trentaine de jeunes, dont une moitié provenant de la ville voisine de Romans-sur-Isère et une autre moitié issue du club de rugby de Thomas P., se sont violemment affrontés avec des armes blanches à la sortie du bal. L’un des vigiles de la soirée, tentant de séparer les individus, a été blessé à la main par un couteau. 

Appelés sur place, les pompiers avaient fait état de 17 prises en charge, avec huit blessés dont quatre graves. Thomas P., capitaine junior de l'équipe de rugby du RC de Romans Péage, a finalement succombé à un coup de couteau au thorax sur la route de l'hôpital.

Avant cette bagarre en deux parties, neuf témoins auditionnés par les forces de l’ordre ont assuré que le groupe de jeunes provenant de Romans-sur-Isère aurait prononcé des «paroles hostiles» aux Blancs, selon le procureur de Valence. A l’inverse, une amie du rugbyman impliqué dans la première altercation a indiqué que ce dernier lui aurait part de son envie de taper «des bougnoules» avant le double affrontement.

«le risque d’un basculement de notre société»

Face à l’ampleur médiatique puis politique pris par cette affaire, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran s’était déplacé dans la commune le 27 novembre dernier pour y rencontrer le maire de la ville et ses administrés.

Il avait pris position en faveur de la victime, assurant que cette affaire était plus qu’un simple affrontement entre bandes rivales. «Ce n’est pas une simple rixe en marge d'un bal de village» mais «un drame qui nous fait courir le risque d'un basculement de notre société, si nous ne sommes pas à la hauteur», a affirmé ce dernier.

Le porte-parole du gouvernement avait martelé la détermination de la justice à «retrouver les coupables», désignés comme étant «des personnes qui ont agressé d’autres personnes gratuitement». Il avait également rappelé que «plusieurs personnes sont mises en examen, et actuellement en prison, dans l’attente de leur jugement». «Je le dis, l’auteur du coup mortel risque désormais la prison à perpétuité» puisque le procureur a retenu le motif de «meurtre en bande organisée», a conclu Olivier Véran.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs appels aux «ratonnades» avaient été observés. Des militants d'ultradroite se seraient organisés via des boucles sur Telegram pour commettre des actes violents ciblés. La préfecture de la Drôme a pris la décision d'interdire le 2 décembre dernier toute manifestation à l'appel de l'extrême gauche ou de l'extrême droite dans le département.

La maire de Romans-sur-Isère s’indigne 

Quelques jours après la visite d’Olivier Véran, la maire divers droite de Romans-sur-Isère Marie-Hélène Thoraval avait assuré que «les familles» des victimes du bal à Crépol ont demandé «que le caractère raciste» soit retenu par la justice.

«Les familles demandent deux choses. La première c’est une fermeté sans appel de la justice, et la deuxième chose c’est que le caractère raciste, qui a été manifesté par ses attaquants, soit pris en compte. Ils ont décidé de faire de ce quartier une zone de non-droit (…). On a un ensemble d’individus qui sont issus de parents qui étaient déjà délinquants», a assuré l’élue le 29 novembre.

Cette prise de position marquée fait suite à celle d’un habitant de la région lors de la venue du porte-parole du gouvernement. Ce dernier avait estimé que les parents des agresseurs ont élevé leurs enfants «dans la haine de la France et des Français».

Six personnes incarcérées dans cette affaire 

Quelques jours après la mort de Thomas P., neuf jeunes, dont trois mineurs, avaient été mis en examen pour des chefs d’inculpation comme «meurtre en bande organisée», «tentatives de meurtre» ou «violences volontaires commises en réunion», d’après le parquet de Valence.

Sur les neuf personnes interpellées puis placées en garde à vue, six d’entre elles ont été incarcérées et trois autres ont été placées sous contrôle judiciaire. Ce vendredi, les quatre demandes de remise en liberté déposées par les avocats de certains suspects ont été rejetées, selon une source proche du dossier.

Plus d’une centaine de témoignages ont pu être recueillis par les enquêteurs mais ces derniers ont encore du mal à éclaircir certaines zones d’ombre, comme l’identité de l’auteur du coup de couteau mortel adressé à Thomas.

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