Le procès d’un homme accusé du viol d’une étudiante commence ce jeudi 14 décembre. Devant le palais de Justice de Bordeaux, les associations de défense des droits des femmes se sont rassemblées pour apporter leur soutien à la victime, qui a recroisé son violeur présumé avant le procès, libéré de détention préventive sans que la victime n’en soit informée.
Une libération qui a fait grand bruit. En septembre dernier l’agresseur présumé d’une étudiante a été remis en liberté avant son procès, qui débute ce jeudi 14 décembre, sans que la victime ne soit mise au courant. Cette dernière l’a appris brutalement en croisant l’homme dans les rues de Bordeaux.
Dans un entretien accordé à Sud Ouest, Océane Decan, qui refuse de se cacher et estime qu'elle n'a pas à avoir honte, a expliqué le choc qu'elle a ressenti en croisant celui qu'elle désigne comme son agresseur.
«Je n’ai pas été prévenue. Un jour d’octobre, je me promenais dans le centre de Bordeaux et je suis tombée sur lui, rue Sainte-Catherine : il jouait de la guitare et faisait la manche. Ce fut un choc. Ça a tout réveillé. Je fais des crises de panique», a-t-elle ainsi confié.
Les associations de défenses des femmes se mobilisent
Cette libération sous contrôle judiciaire, qui est intervenue après deux ans et demi de détention provisoire et contre l'avis du parquet général, a provoqué l'ire des associations de défense du droit des femmes.
Dans un communiqué conjoint, elles avaient déclaré, «une fois de plus, la justice échoue à protéger les victimes de violences sexistes et sexuelles». Ces dernières se sont rassemblées devant le palais de Justice de Bordeaux ce jeudi pour manifester leur colère contre la Justice et leur soutien à Océane Decan.
Un suspect déjà connu de la Justice
Lors de son agression en juillet 2021, Océane Decan, qui poursuit des études à Sciences Po Bordeaux pour travailler dans l'urgence sociale, discutait avec une femme SDF lorsque son agresseur présumé lui a adressé la parole.
La jeune femme a expliqué à Sud Ouest que la conversation était intéressante et qu'elle a suivi l'homme sans crainte. «Je ne me méfie pas, il est en chaise roulante, âgé, paraît inoffensif et tout le monde semble le connaître», s'est-elle remémorée.
Quelques minutes plus tard, à l'écart, l'homme sort un grand couteau et menace de la tuer si elle n'accepte pas le viol.
Le suspect est un SDF de 58 ans qui était déjà connu pour des faits d'agression sexuelle. En 2018, il avait été condamné à dix-huit mois de prison avec mandat de dépôt pour avoir attouché une femme de 27 ans qui attendait le tramway.
Pour le viol d'Océane Decan, qu'il réfute, l'homme risque vingt ans de réclusion criminelle.