Alors que la Justice avait donné, mercredi 27 septembre dernier, un avis défavorable au renvoi d’une Roubaisienne et mère de deux enfants en Algérie, la jeune femme de 24 est finalement visée par un arrêté d’expulsion, le préfet du Nord ayant estimé que sa présence dans l’hexagone constituait une «menace grave et persistante».
Le préfet du Nord, George-François Leclerc, a pris ce mardi 10 octobre un arrêté d'expulsion vers l'Algérie à l'encontre d'une Roubaisienne, emmenée de force en Syrie avec sa fratrie par sa propre mère radicalisée lorsqu'elle avait 15 ans, considérant qu'elle représentait toujours «une menace grave», selon l'arrêté.
Fin septembre dernier, la Justice avait donné un avis défavorable au renvoi de cette mère de deux enfants en Algérie. «Il n'est pas établi que la présence» en France de cette jeune femme de 24 ans «constitue une menace grave à l'ordre public», avait estimé la commission dans un avis consulté par l'AFP.
«Le fait qu'elle ait vécu en zone terroriste entourée de jihadistes prônant un islam rigoriste ne permet pas d'en déduire avec certitude qu'elle est acquise à cette cause et qu'elle a pour intention de commettre à son tour des actes terroristes», avait-elle.
À la suite de cet arrêté, l'avocate de la Roubaisienne, Me Marie Dosé, a indiqué qu'elle va demander l'annulation de cette décision devant le tribunal administratif, déplorant un «acharnement» et soulignant que la préfecture «reprend mot pourt mot les éléments sans fondement vainement invoqués» devant la justice.
En Syrie, la jeune femme a été mariée à un jihadiste belge de Daesh, avec qui elle a eu deux filles. Neuf ans plus tard, soit en janvier 2023, cette Roubaisienne était de retour sur le territoire français avec ses enfants, après cinq ans sur place puis quatre ans dans le camp de prisonniers jihadistes de Roj, contrôlé par les Kurdes.
«Mon plus grand rêve, c’est d’aller à Disneyland avec mes filles»
Née en France, la mère de famille souhaite rester dans l’Hexagone. Cependant, celle-ci n’a jamais acquis la nationalité française. Pour cause, sa mère, de nationalité algérienne, a refusé de la lui demander à l’adolescence, faisant d’elle aujourd’hui une ressortissante algérienne en situation irrégulière.
Lors de l’audience du 13 septembre, la jeune femme s’était dit victime d'une famille tyrannique et radicalisée. «Je ne suis ni un danger, ni une menace. Simplement encore cette petite fille à qui on a volé son enfance», avait-elle ajouté. «Mon plus grand rêve, c’est d’aller à Disneyland avec mes filles».
La jeune femme de 24 ans appartient par ailleurs à la famille Tahar Aouidate, l'«une des plus grandes familles jihadistes françaises», dont 23 membres ont rejoint Daesh, avait insisté le préfet du Nord Georges-François Leclerc, relayé par l’AFP, devant la commission d'expulsion du tribunal de Lille le 13 septembre dernier.