Trente ans de réclusion criminelle ont été requis vendredi à l’encontre d’Abdoulaye Gningue, ressortissant sénégalais accusé d’avoir tué Marie, son ex-compagne, en la poignardant devant ses cinq enfants, en 2018. Le verdict est attendu ce lundi 17 avril.
Quelle peine pour Abdoulaye Gningue ? Jugé depuis la semaine dernière pour le meurtre de son ex-compagne, Marie, en 2018, le Sénégalais a entendu l’avocate générale requérir vendredi, devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis, une peine de trente ans de réclusion criminelle, assortis de vingt ans de sureté, à son encontre. Le verdict doit être rendu ce lundi 17 avril.
«Le meurtrier de Marie est en face de moi et c'est Abdoulaye Gningue», a déclaré sans détour la représentante du ministère public, Laure-Anne Boulanger, en s'adressant aux jurés. Le soir du 15 novembre 2018, la femme de 28 ans avait ouvert la porte de son domicile d'Aubervilliers à l'accusé, venu discuter de la fête organisée pour le quatrième anniversaire de leur fils. Elle avait refait sa vie et avait accouché neuf mois plus tôt de triplés, présents ce soir-là dans son appartement avec leurs demi-frère et demi-sœur.
Selon le témoignage de la fille aînée de Marie, âgée de 8 ans lors des faits, sa mère et Abdoulaye Gningue sont allés dans la chambre de la victime, a décrit vendredi l'avocate générale. La fillette dit avoir entendu les échos d'une dispute puis vu l'accusé quitter la pièce et l'appartement un couteau à la main. Marie le suivait, a-t-elle décrit, une main portée à son cou d'où le sang avait jailli. Puis elle s’était écroulée sur le palier. La blessure à l'arme blanche avait sectionné l'artère, ne laissant aucune chance à la victime.
Arrêté à l'aéroport de Milan, cinq jours après le meurtre
Recherché par les forces de l'ordre, Abdoulaye Gningue avait été arrêté cinq jours après le meurtre, à l'aéroport de Milan, où il allait embarquer pour le Sénégal. Arrivé en France en 1993 avec un visa touristique, il était déjà connu de la justice et avait été condamné plusieurs fois. Lors du procès, il a indiqué à la cour être accro au crack depuis 2000.
Durant les audiences, Abdoulaye Gningue a nié toute violence à l'égard de son ex-conjointe, malgré le témoignage filmé de son fils, présent le jour du drame, diffusé à l'audience. Le petit garçon y a raconté aux policiers que son père «a pris un couteau (…) il a jeté le couteau sur maman et après, elle avait du sang partout».
Du box, l'accusé avait réagi en ricanant : «c'est un enfant, il ment».
La défense demande l'acquittement
S'il a refusé l'idée que les deux aînés de la fratrie aient pu mentir, l'avocat d'Abdoulaye Gningue, Me Thibaud Cotta, a cependant mis en doute la véracité de leurs témoignages. Il a plaidé l'acquittement. «Je pense que les choses sont reconstruites dans leurs esprits», a-t-il avancé dans sa plaidoirie. Il a également évoqué le témoignage de la voisine, qui a «dit que c'est l'ex-compagnon de Marie qui l'a tuée». A la barre, jeudi, cette femme avait «bien indiqué qu'elle ne voit pas qui que ce soit sortir» de l'appartement, a-t-il rappelé. Elle a porté cette accusation parce que «c'est le seul homme qu'elle voyait habituellement venir chez Marie», a-t-il estimé.
Dans ses réquisitions, l'avocate générale a, elle, jugé «monstrueux» et «immonde» le fait pour Abdoulaye Gningue de «qualifier (les enfants) de menteurs (...) de nier le statut de victime». «C'est cracher une seconde fois à la figure de ces enfants», a asséné la magistrate.