Un père de famille est jugé depuis ce lundi 27 mars à Avignon (Vaucluse), pour le meurtre de Sarah, sa propre fille. Il pourrait avoir agi pour se venger de la mère de la jeune victime.
Comprendre l’impensable. En plus d’établir la condamnation qui sera infligée à Sergio Gil Gonzalez, pour le meurtre de sa propre fille, Sarah, la cour d’assises du Vaucluse a aussi l’objectif, depuis ce lundi, d’expliquer le cheminement ayant conduit à ce dénouement terrible.
Le 19 juillet 2020, cet homme de 38 ans de nationalité espagnole, séparé de son ancienne épouse depuis plus d’un an, avait obtenu de passer quelques temps avec sa fille de 11 ans, qu’il n’avait pas vue depuis plusieurs semaines. Mais des messages très inquiétants, envoyés à son père et à la mère de la jeune fille (il lui avait conseillé d’embrasser sa fille avant de lui dire au revoir), avaient lancé l’alerte. Les deux n’ayant pas réapparu comme convenu, le pire était envisagé.
Après quatre jours de recherches, l’enquête avait connu une accélération décisive, avec l’arrestation de Sergio Gil Gonzalez, alors qu’il se promenait dans un centre commercial d'Avignon. Le lendemain, un corps avait été retrouvé sur l’île de Piot. Il avait les mains ligotées. La confirmation qu’il s’agissait de la petite Sarah était tombée dans la journée. Le père avait avoué le crime, indiquant l’avoir jetée dans l’eau.
«Il y a une volonté de faire souffrir par procuration»
Très vite, la théorie d’une vengeance envers sa femme, en se prenant à leur fille, a été avancée (ce qu'on appelle aussi une violence vicariante). Décrit comme jaloux, porté sur l’alcool et agressif contre sa compagne durant leur relation, il n’aurait pas supporté la rupture et aurait trouvé ce moyen de lui faire payer. «C’est le dépit amoureux qui l’a fait agir», appuie Me Marc Geiger, avocat de la mère de Sarah, à CNEWS. «A partir du moment où il a compris que sa femme ne le reprendrait pas, on a l’impression qu’il a voulu faire table rase de sa vie et la priver de ce qui faisait son sel : son enfant. Il y a une volonté de faire souffrir par procuration».
Les débats du procès devrait aborder largement ce point et faire écho à la notion de «féminicide par procuration», qui existe en Espagne. L’avocat de Sergio Gil Gonzalez, Me Alexandre Meize, a indiqué à CNEWS que l’acte «est plus profond que de s’en prendre à son ex-compagne, avec des mécanismes psychologiques à prendre en compte. La vengeance est un raccourci facile».
Il sera également question d’établir si le meurtre de Sarah a été prémédité ou non. L’accusé a toujours expliqué avoir agi sous le coup d’une pulsion. Il s’était pourtant équipé de cordelettes puis avait envoyé les messages inquiétants. Que cela soit reconnu ou non, il risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès doit durer trois jours.