Alors que sept victimes accusaient le ministère de la Culture de protéger les agissements d’un haut-fonctionnaire, le tribunal administratif de Paris a condamné l’État à les indemniser. L’homme intoxiquait des femmes avec des diurétiques afin qu’elles urinent devant lui.
«La faute personnelle commise par un agent d’une administration, engage la responsabilité de l’administration qui l’emploie». Le tribunal administratif de Paris a tranché dans cette sinistre affaire d’urophilie.
Dans une décision publiée jeudi 16 février, l’instance a exigé l’indemnisation de plusieurs victimes. La première, agressée pendant un entretien d’embauche - l’ancien haut-fonctionnaire avait versé un diurétique dans son café – sera dédommagée à hauteur de 12.000 euros pour son préjudice, et 1.500 euros au titre des frais de justice.
Pour les autres plaignantes, le montant n’a pas été précisé. L’une d’entre elle estimait la responsabilité de l'État «engagée en raison d'une mauvaise organisation des services du ministère de la Culture, en l'absence de dispositifs protégeant les victimes et recevant leurs plaintes».
Un homme coutumier du fait
A l'époque de l'entretien d'embauche en mai 2012, le fonctionnaire était employé comme sous-directeur des ressources humaines du cabinet de la ministre Aurélie Filipetti.
Il avait proposé à la victime, en début d'entrevu, un café qu'elle avait bu, puis l’avait invitée à poursuivre l'entretien à l'extérieur, dans le jardin des Tuileries, ont précisé les juges du tribunal administratif. «Ressentant rapidement des douleurs et une forte envie d'uriner», et obligée de le faire devant lui sous un pont, la candidate avait alors demandé à rentrer chez elle avant d’être finalement hospitalisée.
Une enquête avait montré plus tard que l'homme était coutumier du fait. En 2018, il reconnaissait «avoir imposé des situations humiliantes aux femmes qu'il recevait ainsi en entretien et dont la liste a été tenue par lui dans un tableau», a indiqué le tribunal.
Révoqué en 2019, il avait été mis en examen pour «administration de substance nuisible», «agression sexuelle par personne abusant de l'autorité conférée par sa fonction», «atteinte à l'intimité de la vie privée par fixation d'image», «violence par une personne chargée de mission de service public» et «infraction à la législation sur les médicaments».
La suite de la procédure pénale n'a toutefois pas été rendue publique.