Océane Bourdin, 21 ans, s'est suicidée après avoir été violée par un de ses amis. Sur CNEWS, son père a raconté «la descente aux enfers» de sa fille.
Une «descente aux enfers». Tels sont les mots qu'Yvan Bourdin, le père d'Océane, utilise pour décrire les mois précédant le suicide de sa fille.
Océane s'est ôté la vie à 21 ans en juin dernier, après avoir été violée par un de ses amis. «Elle a dit qu'elle ne supporterait pas une confrontation avec lui», a témoigné son père sur CNEWS.
Cette étudiante en oenologie à Beaune (Côte d'Or) s'était rendue à une soirée avec un de ses amis en février. Alcoolisée, elle était rentrée chez elle avec ce garçon, qui suivait les mêmes cours qu'elle. Elle aurait repoussé ses avances, mais il aurait attendu qu'elle s'endorme pour lui imposer plusieurs pénétrations digitales, relate L'Est Républicain. Océane l'aurait supplié d'arrêter, sans succès.
Ses parents ont été témoins de sa «descente aux enfers», affirme Yvan Bourdin. Elle s'est confiée à eux et a déclaré qu'elle «ne supporterait pas une troisième affaire». Océane aurait en effet déjà été victime de deux autres agressions sexuelles, d'individus différents, contre lesquels elle a porté plainte.
«Décomposée» après avoir porté plainte
«Début mai, elle allait mieux, elle recommençait à sourire», a raconté son père. «Elle a dit qu'elle était d'accord pour aller porter plainte.» C'est à son retour du commissariat que la situation s'est encore dégradée : «Elle est revenue décomposée, encore plus dépressive que le lendemain du viol.»
D'après L'Est Républicain, le policier ayant reçu Océane lui a expliqué qu'en l'absence de preuves ou d'aveux, ce serait sa parole contre celle de l'agresseur. L'étudiante est donc sortie du commissariat complètement découragée.
En juin, quatre mois après le viol et alors que ses parents étaient absents, elle a ingéré une forte dose de médicaments. Elle a laissé une note : «Je suis morte depuis le 10 février (date du viol), vous n'auriez rien pu faire pour moi.» Les parents d'Océane ont dénoncé la lenteur de la justice et réclament la condamnation de l'agresseur de leur fille.
Les statistiques sur ce thème sont très difficiles à mettre en place. Globalement, on estime que 94.000 femmes entre 18 et 75 ans ont subi un viol ou une tentative de viol au cours de l'année, selon l'enquête Cadre de vie et sécurité (CVS) de l'Insee.
Très peu d'entre elles portent plainte : entre 12 et 17 %, selon les différentes études. Ajoutées à cela la lenteur et la pénibilité des procédures : au final, en 2018, la justice n'a enregistré que 1.269 infractions de viol condamnées. Conclusion : en omettant les divers biais statistiques, seul 1 violeur sur 100 est condamné.