Après avoir été mis en examen mercredi pour «blanchiment et complicité d’escroquerie en bande organisée», l'ancien directeur du Louvre, Jean-Luc Matinez, a été mis «en retrait» d'une partie de ses fonctions d'ambassadeur dans le domaine du patrimoine ce vendredi 3 juin.
Les choses se compliquent pour l'ancien président-directeur du musée du Louvre. Après avoir été mis en examen mercredi à Paris pour «blanchiment et complicité d'escroquerie en bande organisée» dans une enquête sur un trafic d'antiquités du Proche et Moyen-Orient, Jean-Luc Martinez a été «mis en retrait» d'une partie de ses fonctions d'ambassadeur dans le domaine du patrimoine ce vendredi 3 juin.
«Dans l'attente d'une clarification de sa situation judiciaire», Jean-Luc Martinez s'est vu retirer «à titre conservatoire» le «volet relatif à la lutte contre le trafic illicite des biens culturels» dans le cadre de ses fonctions d'ambassadeur pour la coopération internationale dans le domaine du patrimoine, est-il précisé dans un communiqué.
Auparavant, l’ancien président du musée parisien avait été placé lundi en garde à vue dans les locaux de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), avec deux éminents égyptologues français, selon une source proche du dossier.
Les deux spécialistes ont été libérés sans poursuites à ce stade, a-t-elle ajouté.
De faux Certificats d'origine de cinq pièces d'antiquité égyptiennes
Jean-Luc Martinez a été mis en examen pour «complicité d'escroquerie en bande organisée et blanchiment par facilitation mensongère de l'origine de biens provenant d'un crime ou d'un délit», a précisé la source judiciaire.
Selon l'hebdomadaire français Le Canard enchaîné, qui a annoncé les gardes à vue, les enquêteurs cherchaient à savoir si Jean-Luc Martinez aurait «fermé les yeux» sur de faux certificats d'origine de cinq pièces d'antiquité égyptiennes, dont une stèle en granit rose de Toutankhamon, acquises par le Louvre Abu Dhabi «pour plusieurs dizaines de millions d'euros».
Une enquête préliminaire portant sur des soupçons de trafic d'antiquités provenant de pays instables du Proche et Moyen-Orient avait été ouverte en juillet 2018 par la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco) du parquet de Paris.
Ce trafic concernerait des centaines de pièces et porterait sur plusieurs dizaines de millions d'euros, selon des sources proches à l'époque.
Des «escroqueries en bande organisée»
Dans cette affaire, au moins trois autres personnes sont poursuivies pour «escroqueries en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment en bande organisée».
Un expert en archéologie méditerranéenne et son mari avaient été mis en examen en juin 2020 et placés sous contrôle judiciaire.
Ils sont soupçonnés d'avoir «blanchi» des objets archéologiques pillés dans plusieurs pays en proie à l'instabilité depuis le début des années 2010 et l'émergence des Printemps arabes : Egypte, Libye, Yémen ou Syrie.
Un galeriste germano-libanais a également été placé en détention provisoire en mars dernier. L'OCBC cherche à déterminer les conditions d'acquisition par le Louvre Abu Dhabi, via ce galeriste, des cinq antiquités sorties illégalement d'Egypte, d'après Le Canard enchaîné.