Le caractère homophobe de l’agression de Yanis, à Montgeron dans l'Essonne, le 30 septembre dernier, a été retenu par les enquêteurs parmi les circonstances aggravantes. Le jeune homme a livré, hier, un témoignage poignant dans Touche pas à mon poste, sur C8.
La victime de 17 ans a été frappée gratuitement dans le «secteur sensible» du quartier la Forêt, selon la police de l’Essonne, par une dizaine d'individus proférant des insultes homophobes. «Ils m'ont d'abord insulté de pédé et de gay, puis j'ai pris le bras de ma meilleure amie et on a avancé», a expliqué Yanis, sur le plateau de TPMP.
«Ils m'ont d'abord attrapé par derrière, a relaté le jeune homme. Ils m'ont jeté, ils m'ont frappé, du coup ma meilleure amie s'est interposée et m'a relevé, on a avancé et alors là, c'était le drame. Ils étaient venus des deux côtés du bâtiment, ils m'ont alors pris et cogné la tête contre le grillage, ils m'ont jeté par terre, ils m'ont frappé, m'ont mis des coups de poing, des shoots dans la tête, c'était vraiment horrible. Et tout ça gratuit, franchement c'était gratuit, et voilà, d'autant plus que je suis pas gay.»
«Je me suis dit que j'allais mourir»
Yanis a précisé qu'il ne connaissait pas ses agresseurs et que tout a démarré par ces insultes gratuites. «Ils me filmaient, et ça rigolait. Je me suis dit que j'allais mourir, très clairement. Je pouvais rien faire, j'étais par terre, je criais, y'a une maman que je ne connaissais pas qui est venue me sauver, et que je remercie beaucoup.»
Après l'agression, les individus lui ont intimé l'ordre de «bien marcher, de ne pas marcher comme un pédé». Yanis s'est enfui, est rentré chez sa mère et n'en a parlé à personne par peur des représailles et par honte, malgré les douleurs dont il souffrait. C'est le commissariat qui a prévenu sa mère. C'est par le biais d'une vidéo fortement relayée sur les réseaux sociaux, signalée dimanche à Pharos, plate-forme permettant aux internautes de signaler des contenus en ligne qui leur semblent illicites, que le jeune homme a été retrouvé.
«Je ne sors plus de chez moi»
«Je dors vraiment très peu, j'arrive pas à m'en remettre et j'ai du mal à être moi-même, je suis renfermé sur moi-même», a confié Yanis, encore traumatisé par la violence des faits. «Toutes mes journées je suis allongé, je ne sors plus de chez moi, je suis fini en fait.»
L’enquête pour «violences aggravées par trois circonstances» – «en réunion, à raison de l’orientation sexuelle supposée et par personne dissimulant son visage» – a été confiée au commissariat de Montgeron. Les auteurs de cet acte violent sont toujours recherchés par les forces de l’ordre et risquent jusqu’à dix ans de prison.
Outre les agresseurs, les enquêteurs recherchent aussi les personnes ayant enregistré ou diffusé cette vidéo. Le «happy slapping», le fait d’enregistrer ou de diffuser des images de violence, est passible de cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.