Disparus des radars depuis plusieurs années, trois trafiquants de drogue étaient recherchés pour purger leurs condamnations dans trois dossiers distincts. Ils ont été interpellés cette semaine en Espagne pour l'un, en région parisienne pour un autre et le troisième dans l'Oise.
Ce sont donc trois affaires indépendantes les unes des autres, mais le profil des fugitifs a nécessité que la BNRF (Brigade nationale de recherche des fugitifs) s'en saisisse. Les individus, rompus à la clandestinité et potentiellement dangereux, ont été arrêtés hier et avant-hier après plusieurs années de cavale.
Le premier, âgé de 29 ans, traîne un long passif dans le trafic de drogue, avec plusieurs points de deal à son actif à Pantin, mais aussi des escroqueries, et des vols avec violence notamment. Interpellé en juillet 2017 pour une tentative d'homicide lors d'un règlement de compte à Aubervilliers, il avait d'abord été placé en détention provisoire avant d'obtenir sa remise en liberté dans l'attente de la fin des investigations. Liberté dont il a profité pour prendre la tangente. Ainsi, il ne s'est pas présenté à son procès en février 2020 et a été condamné en son absence à 9 ans de prison.
Les enquêteurs de la BNRF ont aquis la conviction que l'individu était toujours en région parisienne, et qu'il avait même repris le trafic de stupéfiants. Mais l'homme se montrait extrêmement méfiant. «Il nous a fait tourner en bourrique», confie une source proche du dossier. «Il était extrêmement rodé aux techniques policières, il était aux aguets. Il craignait peut-être même davantage d'être pris pour cible par des rivaux, il avait beaucoup d'ennemis», poursuit-on de même source. Les policiers ont localisé différents points de chute, dans le 18e arrondissement de Paris, à Villemonble, Saint-Denis, mais aussi Courbevoie où ils ont finit par l'interpeller mercredi 3 février. Présenté hier à un magistrat, il a été incarcéré à Nanterre. Il pourra demander un nouveau procès s'il le désire.
Un spécialiste des go-fast
Autre arrestation, autre affaire : celle d'un trafiquant de drogue d'envergure âgé de 40 ans, en fuite depuis septembre 2017, date d'émission d'un mandat d'arrêt à son encontre. Spécialiste des go-fast remontant d'Espagne pour l'importation de cannabis, ce Franco-Marocain avait été jugé en son absence en décembre de la même année et condamné à 6 ans de prison pour son implication en 2011 dans un convoi de 806 kg de résine de cannabis. Sur ses traces, les enquêteurs ont découvert qu'il était parti au Maroc, puis revenu dans le bassin Creillois, dans l'Oise. Lors de la surveillance d'un pavillon à Villers-Saint-Paul, les effectifs de la BNRF et de la BRI de Creil ont interpellé hier le fugitif au volant d'un véhicule. Après sa présentation à un magistrat de Senlis, il a été écroué à Beauvais.
Le dernier des interpellés se cachait, lui, en Espagne où il a été arrêté hier par les forces de l'ordre locales. Marocain de 30 ans, il était en fuite depuis 2016 et avait été condamné en son absence par la justice française en 2017 et 2018 à 4 ans de prison à chaque fois, pour trafic international de stupéfiants, produits qu'il faisait notamment transiter par le port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). «C'est un individu qui pouvait aussi bien donner dans la logistique de go-fasts en provenance d'Espagne qu'au rapatriement de cocaïne en Métropole depuis les Antilles», explique à CNEWS une source proche du dossier.
Pour assurer sa cavale, il s'était procuré de faux papiers sous au moins quatre identités différentes, aux noms desquelles il avait pu ouvrir des comptes bancaires, des lignes téléphoniques. «Il s'était établi sur la Costa del Sol, à Marbella, et il devait revenir parfois en France pour ses affaires», poursuit-on de même source. Il devrait être remis à la France sous quarante jours.