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De l'urine transformée en légumes : le premier point de collecte français inauguré dans les Hauts-de-Seine

Souvent considéré comme un déchet, l’urine a pourtant des avantages multiples quand elle est utilisée comme engrais. [©yanadjan/Adobe]

Le premier point d’apport volontaire d’urine de France a été inauguré ce mercredi 18 septembre à Chatillon (Hauts-de-Seine). Cette innovation, issue du projet Enville (Engrais humain des villes), a pour vocation de réduire l’utilisation d’engrais chimiques et de s’intégrer progressivement dans le quotidien de chaque Français.

Une alternative écologique aux bénéfices multiples et insoupçonnés. Le premier point d’apport volontaire d’urine de France a été inauguré ce mercredi dans le parc Henri-Matisse, à Châtillon (Hauts-de-Seine). Financé par l’Agence de la transition écologique (ADEME) en Ile-de-France à hauteur de 50.000 euros, le projet Enville, pour Engrais humain des villes, permet de transformer l’urine en engrais naturel.

Depuis janvier dernier, 15 des 50 foyers adhérents de l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) locale ont ainsi contribué à remplir la cuve de 300 litres installée à Châtillon. Aujourd’hui, l’ensemble de la chaîne de production est au point, que ce soit la dépose au point de collecte ou la récupération de l’urine par l’agriculteur via un dispositif aménagé dans son camion.

Une méthode ancestrale remise au goût du jour

Longtemps mise en avant dans l’Hexagone avant l’avènement des engrais chimiques à la fin du siècle dernier, cette technique a largement fait ses preuves et présente des avantages considérables sur le plan sanitaire et écologique.

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Depuis janvier dernier, 15 des 50 foyers adhérents de l'Amap locale ont contribué à remplir la cuve de 300 litres installée à Châtillon.©Thomas SAMSON/AFP

«Jusqu’au milieu du XXe siècle, on a valorisé les urines. La dernière usine de transformation d’urine de la région n’a fermé qu’en 1975 avec l’essor des engrais chimiques. On revient à des solutions qui ont fonctionné pendant des siècles», a synthétisé Fabien Esculier, le fondateur du programme de recherche et d’action OCAPI derrière ce projet, pour Le Parisien.

Des avantages multiples

Souvent considéré comme un déchet, l’urine a pourtant des avantages multiples quand elle est utilisée comme engrais. Il s’agit d’un fertilisant naturel riche en nutriments, à l’inverse des engrais chimiques utilisant comme ressources des énergies fossiles. Cela a un impact direct sur la production agricole mais aussi sur les cours d’eau, qui ne sont plus pollués par les produits chimiques que comportent les engrais.

Le procédé utilisé dans le cadre de ce projet permet aussi de supprimer les résidus de médicaments qui pourraient être présents dans les urines collectées puisque le bidon de collecte fermé entraîne une hausse du pH et une présence d’ammoniaque, qui dissipent les potentielles traces médicamenteuses.

Autre avantage non négligeable, à l’inverse des matières fécales aussi utilisées comme engrais dans l’agriculture, l’urine présente très peu de risques biologiques puisque les maladies peinent à s’y développer.

De l’engrais pour 15% des cultures si chaque Français participe

D’après les défenseurs du projet, si chaque Français contribuait à donner son urine, cela permettrait d’avoir de l’engrais pour 15% des cultures françaises. En d’autres termes, les urines d’une personne pourraient permettre de fertiliser 500 m2 de champ chaque année. 

Dans les faits, le principe de collecte est simple et voulu pour être le moins contraignant possible. Les donneurs sont dotés de bidons colorés avec entonnoirs adaptés aux morphologies féminines ou masculines. 

«Quand c’est plein, ils viennent le vider ici. Sur ce point d’apport, il n’y a aucune nuisance, pas de renversement, pas d’odeur», a souligné Louise Raguet, la porteuse du projet aux Pont et chaussées, pour le journal local.

Une fois récoltée, l’urine est stockée environ 6 mois afin de faire grimper le taux de PH et de pouvoir utiliser cette dernière dans les champs avoisinants. Pour le moment, la matière collectée est épandue sur des haies de la ferme de l’Amap dans le Loiret, dans l’attente d’autorisations complémentaires pour les déverser dans les champs prévus à cet effet.

Un programme identique mis en place au village olympique

Lors des JO 2024 à Paris, le Village olympique s’est doté d’un système identique afin d’équiper un immeuble de 50 logements. Dans la même lignée, un projet mené dans le futur écoquartier Saint-Vincent de Paul (XIVe arrondissement) concernera 600 foyers et devrait générer 2.000 litres d’urine par jour.

La mise en œuvre progressive de ces projets a pour vocation de s’intégrer progressivement dans le quotidien des Français, à l’image des composteurs de déchets alimentaires déjà bien implantés dans la vie quotidienne en France.

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