Les pays du monde entier ont adopté ce lundi 19 décembre un accord historique à Montréal pour tenter d'enrayer la destruction de la biodiversité et de ses ressources, indispensables à l'humanité. Voici ce qu'il faut retenir de cette nouvelle feuille de route pour les dix prochaines années.
Après quatre années de négociations difficiles, dix jours et une nuit de marathon diplomatique, plus de 190 Etats sont parvenus à un accord sous l'égide de la Chine, présidente de la COP15, afin de lutter contre la crise de la biodiversité.
«L'accord a été adopté», a déclaré Huang Runqiu, le président chinois de la COP15, lors d'une séance plénière organisée en pleine nuit, avant de laisser retomber son marteau sous les applaudissements des délégués. «Nous avons ensemble franchi un pas historique», s'est félicité Steven Guilbeault, le ministre de l'Environnement du Canada, pays hôte du sommet.
Ce «pacte de paix avec la nature», appelé «accord de Kunming-Montréal», est le nouveau cadre mondial qui succède aux «accords d'Aichi», pris en 2010 au Japon, et dont les objectifs s'étaient soldés par un échec. Aujourd'hui, ce nouveau texte vise à enrayer la crise de la biodiversité en protégeant d'avantage les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et du réchauffement climatique.
Le programme 30/30 adopté
Les pays se sont donc mis d'accord sur une feuille de route visant notamment à protéger 30% de la planète d'ici à 2030. Il s'agit de la mesure la plus connue de la vingtaine de mesures. Elle a été présentée comme l'équivalent pour la biodiversité de l'objectif de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. A ce jour, 17% des terres et 8% des mers sont protégées.
Mais ce texte donne également des garanties pour les peuples autochtones, gardiens de 80% de la biodiversité subsistante sur Terre. En effet, certaines communautés craignaient que les efforts mis pour protéger davantage les terres n'empiètent sur leurs droits ou, pire, que cette mesure puisse être utilisée pour les expulser de leurs terres.
Une aide financière de 30 milliards de dollars par an
De même, un consensus a été trouvé entre les 196 états membres de la convention pour débloquer 30 milliards de dollars d'aide annuelle à la conservation pour les pays en développement.
Pourtant comme lors des discussions sur le climat en Egypte en novembre, la question financière a créé des tensions entre pays riches et pays du Sud. Car en échange de leurs efforts, les pays les moins développés réclamaient aux pays riches 100 milliards de dollars par an. Soit au moins 10 fois l'aide internationale actuelle pour la biodiversité. Et outre les subventions, les pays du Sud poussaient aussi fortement à la création d'un fonds mondial dédié à la biodiversité, à l'image de celui obtenu en novembre pour les aider à affronter les dégâts climatiques.
Alors, pour tenter de résoudre cette question très brûlante entre le Nord et le Sud, la Chine a proposé comme compromis d'établir dès 2023 une branche dédiée à la biodiversité au sein de l'actuel Fonds mondial pour l'environnement (FEM) et d'atteindre «au moins 20 milliards de dollars» d'aide internationale annuelle pour la biodiversité d'ici à 2025 et «au moins 30 milliards d'ici à 2030».
Une avancée majeure, jugée insuffisante pour certains
«La plupart des gens disent que c'est mieux que ce que nous attendions des deux côtés, pour les pays riches comme pour ceux en développement. C'est la marque d'un bon texte», a confié à l'AFP Lee White, ministre gabonais de l'Environnement.
Pour Masha Kalinina, de l'ONG Pew Charitable Trusts, «protéger au moins 30% des terres et des mers d'ici à 2030 est la nouvelle étoile polaire que nous utiliserons pour naviguer vers le rétablissement de la nature».
Ce texte est «un pas en avant significatif dans la lutte pour la protection de la vie sur Terre, mais cela ne suffira pas», a fait remarqué auprès de l'AFP Bert Wander de l'ONG Avaaz. Ajoutant que «les gouvernements devraient écouter ce que dit la science et accroître rapidement leurs ambitions pour protéger la moitié de la Terre d'ici à 2030».
D'autres défenseurs de l'environnement craignaient également des échéances trop lointaines au vu de l'urgence actuelle. Car les scientifiques sont formels, le temps presse. Aujourd'hui, 75% des écosystèmes mondiaux sont altérés par l'activité humaine, plus d'un million d'espèces sont menacées de disparition.