Le Parlement européen a accordé ce mercredi 6 juillet un label «vert» au gaz et au nucléaire, deux sources d'énergie qui sont ainsi reconnues comme nécessaires pour lutter contre le changement climatique. Une victoire pour la France.
Les eurodéputés ont approuvé ce mercredi 6 juillet le label «vert» accordé par la Commission européenne au gaz et au nucléaire. Il était jusqu'ici réservé aux énergies renouvelables.
Le texte, présenté en début d'année par la Commission, classifie comme «durables» certains investissements pour la production d'électricité dans des centrales nucléaires -qui n'émettent pas de CO2- ou des centrales au gaz, à condition qu'elles mobilisent les technologies les plus avancées. Et, pour ces dernières, qu'elles permettent de fermer des centrales à charbon bien plus polluantes.
«Nous avons besoin de toutes les énergies bas carbone pour réussir la transition énergétique», a salué sur Twitter Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.
Je salue le vote du Parlement Européen en faveur d’un « label vert » qui inclura le #nucléaire dans la taxonomie.
Nous avons besoin de toutes les énergies bas carbone pour réussir la transition énergétique.#EUTaxonomy https://t.co/V97w7b6TOU— Agnès Pannier-Runacher (@AgnesRunacher) July 6, 2022
Cette classification (dite taxonomie) doit aider à mobiliser des fonds privés dans ces projets et s'inscrit dans l'objectif de neutralité carbone de l'UE en 2050.
les opposants préparent une procédure en justice
Réunis en session plénière à Strasbourg, les eurodéputés ont rejeté à une majorité de 328 voix une proposition de veto formulée par des députés des commissions Environnement et Affaires économiques du parlement opposés au texte.
Après le vote, les opposants ont annoncé qu'ils lanceraient une procédure en justice, seul moyen désormais disponible pour bloquer l'initiative.
La reconnaissance de la contribution du gaz et du nucléaire à la lutte contre le changement climatique a suscité la colère d'organisations écologistes qui dénoncent une opération de «greenwashing». Après de premières manifestations d'organisations de défense de l'environnement mardi, quelques dizaines de militants pro et anti-nucléaire ont manifesté face-à-face mercredi matin pour interpeller les eurodéputés à leur arrivée au Parlement européen.
Vifs débats au parlement
Dans l'hémicycle, le sujet a provoqué de vifs débats. «Comment pouvons-nous demander aux autres pays de réduire leur utilisation des énergies fossiles si nous les classifions comme vertes ?», a lancé l'écologiste néerlandais Bas Eickhout.
«L'énergie nucléaire et le gaz provenant de pays sûrs seront les seuls moyens pour certains Etats membres d'atteindre nos objectifs climatiques communs dans les années à venir», a plaidé le Premier ministre tchèque Petr Fiala, dont le pays vient prendre la présidence tournante du conseil de l'UE.
«Personne ne dit que le gaz et le nucléaire sont des énergies vertes, mais elles sont temporairement indispensables à la transition. Nous devons utiliser tous les outils pour nous passer en priorité du pétrole et du charbon», a abondé l'eurodéputé français Gilles Boyer (Horizons/Renew).
victoire pour la france
La Commission européenne estime que les énergies renouvelables ne pourront pas à elles seules répondre à la demande croissante d'électricité en raison de leur production intermittente. D'où le besoin, au moins à titre transitoire, de favoriser aussi l'investissement dans des moyens stables et pilotables comme le gaz et le nucléaire.
Le label «vert» accordé à ces deux sources d'énergie a déjà reçu l'aval des Etats membres. Seuls huit pays, dont l'Allemagne, l'Autriche et le Luxembourg, ont exprimé leur opposition, lors de consultations menées par la présidence française du Conseil de l'UE, loin de la super-majorité de vingt pays nécessaire pour bloquer le projet.
La France, qui veut relancer sa filière nucléaire, et des pays d'Europe centrale comme la Pologne, qui doivent remplacer leurs centrales à charbon, sont les grands gagnants de ce vote.