Le professeur Gilles-Eric Séralini a accusé jeudi l'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) de "faute professionnelle grave" après le rejet définitif de son étude controversée sur un maïs transgénique et le refus de l'agence de réévaluer ce produit.
"Ne pas avoir au moins un soupçon après l'étude que nous avons faite, de toute façon la plus détaillée au monde, relève de la malhonnêteté intellectuelle. C'est une faute professionnelle grave", a déclaré le professeur à l'université de Caen dont l'étude a été publiée le 19 septembre dans Food and Chemical Toxicology.
Mercredi, l'Efsa a estimé que "les lacunes importantes constatées dans la conception et la méthodologie" de l'étude Séralini "impliquaient que les normes scientifiques acceptables n'avaient pas été respectées et, par conséquent, qu'un réexamen des évaluations précédentes de la sécurité du maïs génétiquement modifié NK603 n'était pas justifié".
"Cela devient un grave problème de santé publique", a ajouté le chercheur en biologie moléculaire.
"L'Efsa a déjà à rougir du fait d'avoir jeté nombre d'études sur le bisphénol A. Ca confine à la criminalité. Avec les OGM, ils recommencent la même chose. Ils ne se dédiront pas avant d'être démissionnés" par la Commission, pense le chercheur.
Pour le Professeur Séralini, l'Efsa est minée par les conflits d'intérêt. En mai, sa présidente a démissionné pour prendre des responsabilités au sein de l'ILSI, le lobby de l'industrie agroalimentaire.
M. Séralini avait frappé l'opinion en présentant en septembre ses travaux qui montraient, selon lui, un risque accru de tumeurs mammaires et d'atteintes hépato-rénales pour les rats nourris avec le maïs NK 603, associé ou pas à l'herbicide Roundup, deux produits du groupe américain Monsanto.
Le rejet des conclusions de l'étude par l'Efsa n'est pas une surprise car ses experts avaient déjà jugé l'étude insuffisante dans un avis non définitif.
Le 22 octobre, les organismes sanitaires français avaient de leur côté réfuté les conclusions de M. Séralini, mais elles avaient recommandé des études sur les effets à long terme de la consommation d'OGM, quasi inexistantes aujourd'hui.