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Un charnier de brebis dans un élevage dévasté de Catalogne

David Juan Bret sur les lieux de son exploitation ravagée par l'incendie, près de Figueres, le 24 juillet 2012[AFP]

En quatre heures, dimanche, David Juan Bret a vu son exploitation partir en fumée, et avec elle la moitié de son troupeau. "Les flammes ont tout dévoré", raconte, ému, cet éleveur catalan, en montrant les cadavres de moutons calcinés jonchant le sol.

Près de 500 brebis bêlant à tue-tête, entassées sous une grande structure métallique s'élevant au milieu des charniers fumants, des cadavres d'animaux morts sur un sol jonché d'ossements : c'est tout ce qui reste de l'exploitation de cet agriculteur de 37 ans, installé dans le village de Biure, au nord de Figueres, dans le nord-est de l'Espagne.

Une odeur écoeurante, de matériaux calcinés et d'animaux brûlés, règne sur le terrain désolé, alors que le ballet des Canadairs se poursuit au-dessus des montagnes, encore fumantes, qui servent de décor à la ferme.

"Les flammes sont arrivées de là, et de là", raconte David Juan Bret, en désignant les deux extrémités de son exploitation, sur laquelle il travaille depuis ses 18 ans. "Elles se sont rejointes et elles ont tout dévoré".

Le gigantesque incendie venait alors de se déclencher, à quelques kilomètres plus au nord, à la frontière française. A une vitesse infernale, poussées par un vent très violent, soufflant du nord-ouest, les flammes se sont propagées vers le sud, dévastant toute cette région de l'Alt Emporda.

Son élevage d'un millier de bêtes pris au piège, le berger est contraint de fuir à un kilomètre de là, abandonnant bâtiments et animaux.

Certains s'en sortiront, d'autres non. "Environ la moitié des brebis ont été prises de panique et se sont rassemblées sous le pont de la voie ferrée, et ont brûlé", raconte l'éleveur, un homme grand et à la forte carrure, les cheveux longs attachés.

"Après l'incendie, son moral était au plus bas", commente sa soeur, Nuria Juan, âgée de 33 ans.

Mère de deux enfants en bas âge, trois mois et quatre ans, la cadette a fui le village de Biure dimanche après-midi, pour s'installer chez ses beaux-parents, à Figueres, jusqu'au lendemain matin.

"Les téléphones ne marchaient pas, je ne savais pas comment allait ma famille, j'ai eu très peur", dit-elle d'une voix tremblante.

Mardi, les flammes avaient laissé place à la fumée dans les environs de Figueres, où çà et là les petites routes sinueuses, entre les forêts et les champs calcinés, restaient fermées à la circulation par la police, ne laissant passer que les convois de voitures de pompiers.

Comme tous les villageois des environs, l'éleveur et sa soeur, qui vivent depuis toujours à Biure, peinent à se remettre du drame qu'ils viennent de vivre. Les larmes perlent au bord des yeux lorsqu'ils contemplent ce qui reste de leurs vallées.

"Tout ça était vraiment déprimant quand je suis rentrée, regardez, tout est noir, alors que le paysage était si vert avant", remarque Nuria, en désignant le paysage face au village.

Même dans ce paysage lunaire, cette ferme c'est sa vie : mardi, alors que l'herbe autour du bâtiment métallique continue de s'embraser à quelques mètres du cadavre d'un agneau, le trentenaire n'envisage pas d'abandonner son activité.

"C'est très important d'aller de l'avant, même si je ne suis pas sûr de recevoir des aides de l'Etat et que c'est très difficile avec la crise", confie-t-il, pendant que des ouvriers agricoles entassent les bêtes, avec les autres débris, sur les brasiers fumants.

Comme beaucoup d'Espagnols en cette période de catastrophe, la solidarité l'aide à tenir.

"Tout le monde est venu m'aider", sourit David Juan, alors que son oncle sort le troupeau de brebis, qui trouveront des prairies calcinées pour seuls pâturages.

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