L’eau est plus que jamais une ressource essentielle. En 2008, l’ONU estimait déjà que cet «or bleu» pourrait devenir à l’avenir plus précieux que le pétrole. Selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publié la semaine dernière, 3,9 milliards de personnes pourraient ainsi vivre d’ici à 2050 dans des zones de stress hydrique. Organisé tous les trois ans depuis 1997, le Forum mondial de l’eau, qui s’ouvre aujourd’hui à Marseille, s’est donné pour objectif de mettre cette question «en tête des agendas politiques». Gouvernements, ONG, experts et entreprises tenteront ainsi de passer des paroles aux actes. Accès à l’eau potable, assainissement, enjeux géostratégiques… les problématiques sont multiples.
Un problème sanitaire majeur
L’une des priorités est d’ordre sanitaire. De nos jours, 11 % de la population mondiale, soit 783 millions de personnes (dont 40 % en Afrique subsaharienne) n’a pas accès à l’eau potable, comme l’a souligné un rapport publié par l’Unicef et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). A cela s’ajoute le fait que, selon l’Unicef, plus de 2,5 milliards de personnes manquent d’installations sanitaires de base, ce qui entraîne la pollution des sources d’eau potable.
Une situation à l’origine chaque année de 2,2 millions de décès liés à des diarrhées, qui représentent la seconde cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. «Vis-à-vis des dirigeants, l’assainissement est difficile à financer, explique Lionel Goujon, de l’Agence française de développement (AFD). Car économiquement, cela ne devient intéressant que sur le long terme, avec un impact sur les coûts de santé et la productivité.» Mais ces constats ne doivent pas faire oublier les progrès déjà réalisés. Selon l’OMS et l’Unicef, 2 milliards de personnes supplémentaires ont eu accès à l’eau potable depuis vingt ans. Soit plus que l’objectif du millénaire fixé par les Nations unies, de réduire de moitié d’ici à 2015 la part de la population n’ayant pas accès à une eau saine.