Le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a jugé mercredi que la "priorité pour tout le monde" était de "sauvegarder l'alliance" entre les deux groupes, au lendemain d'une mise en garde du ministre français de l'Economie Emmanuel Macron.
"L'alliance se développe depuis 16 ans. L'alliance est la meilleure chose qui ait pu arriver à Renault et la meilleure chose qui ait pu arriver à Nissan, Les avantages sont énormes des deux côtés, donc s'il y a une priorité pour tout le monde, c'est bien de sauvegarder cette alliance", a-t-il déclaré lors d'un entretien accordé à l'AFP, au premier jour du salon de l'automobile de Tokyo.
Le dirigeant a refusé de commenter les informations de presse faisant état d'une volonté du constructeur d'automobiles japonais de modifier la structure capitalistique de l'alliance afin de contrer l'influence renforcée de l'Etat français au sein du groupe au Losange. "Je ne vais pas rentrer dans des discussions, conversations qui ont lieu mélangeant les différents conseils, les actionnaires...", a réagi M. Ghosn.
Renault, Nissan et les différents actionnaires "sont tous d'accord pour dire qu'il faut fortifier cette alliance. A partir du moment où nous partageons tous cette conviction, tout le reste est facile à résoudre, et je n'ai absolument aucun doute sur le fait qu'on continuera à trouver des points de convergence entre les différentes parties pour que cette alliance continue de progresser". M. Macron avait appelé mardi à "ne pas déstabiliser l'alliance par des changements, des rééquilibrages, des modifications de gouvernance qui d'ailleurs pourraient créer des conflits d'intérêt".
Alliés depuis 1999
Nissan, allié de Renault depuis 1999, contrôle 15% du capital du groupe français, et ce dernier détient 43,4% du japonais. Cependant, au titre de règles sur "l'autocontrôle", les parts de Nissan ne lui confèrent pas de droit de vote à l'assemblée générale des actionnaires de Renault.
L'Etat français détenait lui aussi 15% du capital de Renault jusqu'à ce que le gouvernement décide de porter sa part à 19,7% avant l'assemblée générale du groupe, le 30 avril. Grâce à cette montée au capital, l'Etat a réussi à imposer l'application de la loi "Florange", un dispositif visant les spéculateurs et qui garantit des droits de vote doubles aux actionnaires depuis plus de deux ans.
Plusieurs médias ont évoqué la possibilité de voir Renault passer sous la barre des 40% de Nissan, afin de débloquer les droits de vote du japonais chez Renault et ainsi rééquilibrer l'alliance conclue quand Nissan était au bord de la faillite.