L'autorité boursière espagnole CNMV a décidé d'enquêter sur la séance boursière de jeudi de la banque nationalisée Bankia, où l'action a chuté de plus de 50% et a fait l'objet d'un volume d'échanges anormalement élevé.
"En raison du volume élevé d'actions Bankia négocié (jeudi), de 49,39 millions d'actions en comparaison avec un capital de 19,93 millions d'actions, la CNMV va analyser en détails l'activité de la séance afin de vérifier si la norme légale en vigueur a été respectée, en particulier en matière de fonctionnement du marché", a annoncé le régulateur dans un communiqué reçu jeudi soir.
L'action Bankia a clôturé jeudi en chute de 51,43% à 0,68 euro.
La situation critique de cette banque, née de l'union de sept caisses d'épargne et fortement exposée au secteur immobilier sinistré, avait poussé Madrid à la nationaliser puis la zone euro à annoncer en juin 2012 un plan de sauvetage du secteur bancaire espagnol pouvant atteindre 100 milliards d'euros dont, pour l'heure, 41,3 milliards d'euros ont été versés.
Bankia doit boucler mardi prochain une série de deux augmentations de capital d'un montant total de 15,54 milliards d'euros, qui entraîneront une perte moyenne de 38% pour les épargnants détenant des participations préférentielles et de 36% pour ceux qui possèdent certains titres de dette subordonnée.
La séance de jeudi accentue donc ces pertes, alors que l'action a déjà beaucoup fondu depuis l'introduction en avril d'un nouveau titre, né du regroupement de 100 anciens titres pour un nouveau, à un cours de 17 euros.
L'annonce de la CNMV survient alors qu'une enquête judiciaire est déjà en cours sur les conditions de l'introduction en Bourse de Bankia en juillet 2011, la justice soupçonnant 33 responsables de la banque de délits d'"escroquerie", de "détournement de fonds" et de "falsification des comptes annuels".
Dans ce cadre, les présidents des trois plus grandes banques espagnoles (Emilio Botin, de Santander, Francisco Gonzalez, de BBVA, et Isidro Fainé, de CaixaBank) doivent être entendus ce vendredi par le juge de l'Audience Nationale pour expliquer les réunions qu'ils ont menées en mai 2012 avec le ministre de l'Economie Luis de Guindos et le président de Bankia Rodrigo Rato, juste avant la démission de ce dernier.