Une étude réalisée sur 10 ans montre les conséquences sur la santé publique des politiques d'austérité, en Europe et en Amérique du Nord.
Suicides, dépressions, maladies infectieuses, limitation de l'accès aux soins… Tels sont les dommages collatéraux de l'austérité, selon une étude menée pendant 10 ans par l'économiste politique David Stuckler, de l'Université d'Oxford, et Sanjay Basun maître-assistant en médecine et épidémiologiste à l'Université de Stanford, rapporte le site MétroFrance.
Les deux chercheurs affirment dans un livre à paraître cette semaine, "The Body Economic : Why austerity kills", que plus de 10.000 suicides et jusqu'à un million de cas de dépression "peuvent être directement associés à la crise économique et aux mesures de rigueur qu'elle a générées en Europe et en Amérique du Nord".
David Stuckler et Sanjay Basun pointent également la limitation de l'accès aux soins médicaux et la résurgence ou hausse des cas de certaines maladies infectieuses.
Le cas grec
Ils prennent ainsi l'exemple de la Grèce. Dans ce pays, où le budget consacré à la prévention du virus du sida a été réduit en raison de la crise, le taux de prévalence du virus a explosé de 200% en 2011. La Grèce a également rencontré ses premiers de cas de paludisme depuis des décennies après avoir diminué le budget consacré aux pulvérisations anti-moustiques.
MétroFrance rapporte également que le taux de mortalité dû aux suicides a augmenté de 22,7% en 2007.
Les deux chercheurs soulignent des problèmes similaires dans des pays moins "touchés" par la crise. Ainsi, aux Etats-Unis, plus de cinq millions de personnes ont perdu leur accès à la couverture maladie depuis le début de la crise, estiment-ils. Ce, alors même que le président Barack Obama a mis en place l'assurance maladie.
La publication de cette étude survient alors que le débat sur l'austérité fait rage en Europe. La politique d'austérité défendue par l'Allemagne est remise en cause depuis plusieurs jours par l'Italie, l'Espagne et surtout la France.
Une erreur sur Excel à l'origine des politiques d'austérité ?
Austérité : Bruxelles fait son mea culpa