Plusieurs centaines de salariés du groupe Eiffage se sont rassemblés mercredi, en marge de l'assemblée des actionnaires à Paris, pour protester contre des salaires "misérables", la dégradation des conditions de travail et la sous-traitance "abusive" dans le groupe de BTP, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Depuis l'arrivée du nouveau PDG fin août, Pierre Berger, il y a un changement radical de politique au détriment de l'emploi et des salaires. De plus, il n'y a plus de dialogue social", a déploré Gilles Letort, secrétaire CGT du comité d'entreprise européen. Il a estimé à près d'un millier le nombre de manifestants.
Pour lui, les "seuls objectifs de la direction sont l'enrichissement des actionnaires et la casse des acquis sociaux". Il a dénoncé également "des cadences infernales avec des moyens qui s'amenuisent de plus en plus".
Les 70.000 salariés du groupe, numéro trois du secteur du BTP derrière Vinci et Bouygues, étaient invités à une "grande journée d'action" et de grève à l'appel d'une intersyndicale CGT, CFDT, CFE-CGC, FO, CFTC.
"Les conditions de travail sont exécrables, les chantiers sont sous pression. On perd des milliers d'emplois partout dans les cinq branches du groupe (construction, énergie, travaux publics, concessions et métal) malheureusement compensés par une augmentation de la sous-traitance", a alerté Philippe Luppo, coordinateur CFDT.
Des rassemblements étaient aussi prévus en région. A Millau (Aveyron), près de 200 salariés venus de Montpellier, Béziers, Perpignan ou Cavaillon, ont manifesté avec une opération "péage gratuit" d'une heure sur l'autoroute A75. A Lyon, un rassemblement a réuni 500 personnes, selon les syndicats.
Enfin, une centaine de grévistes ont manifesté à l'entrée du chantier de la ligne ferroviaire à grande vitesse Paris-Rennes à Etrelles (Ille-et-Vilaine), a affirmé à l'AFP Frédéric Szymczak (CFDT). Ils filtraient la circulation automobile sur la RD 178 entre Etrelles et Vitré, a-t-il expliqué.
Le groupe français de BTP, présidé par Pierre Berger, a annoncé pour 2012 un bénéfice net de 220 millions d'euros, en hausse de 7,3% par rapport à 2011 et prévoit un chiffre d'affaires de 14,2 milliards d'euros, en hausse de 14% par rapport à 2012.
Le capital d'Eiffage est actuellement détenu par les salariés (26,8%), le Fonds stratégique d'investissement (20,6%), les cadres réunis au sein de la holding Eiffaime (8,3%) et Groupama (6,9%).