En direct
A suivre

L'accident de Bali montre les risques de la croissance de Lion Air

Le Boeing de Lion Air abîmé en mer après son atterrissage raté, à Bali, le 14 avril 2013 [Sonny Tumbelaka / AFP] Le Boeing de Lion Air abîmé en mer après son atterrissage raté, à Bali, le 14 avril 2013 [Sonny Tumbelaka / AFP]

L'accident de l'avion Lion Air à Bali souligne les risques que la croissance effrénée de la compagnie indonésienne, qui a récemment commandé pour 35 milliards d'euros d'appareils, se fasse au détriment de la sécurité, avertissent des analystes.

Modeste société aux comptes opaques qui n'avait qu'un seul avion il y a 13 ans, la compagnie à bas coûts a signé en 16 mois les deux plus contrats de l'aviation civile: en mars, 234 Airbus A320 pour 18,4 milliards d'euros, et en novembre 2011, 230 Boeing 737 pour 21,7 milliards de dollars (17 milliards d'euros).

Dans un pari osé à 35,4 milliards d'euros, la compagnie familiale mise ainsi sur le formidable boom du transport aérien en Indonésie, plus grand archipel du monde avec plus de 17.500 îles où le nombre de passagers transportés bondit en moyenne de plus de 20% par an.

Mais le développement fulgurant du premier transporteur aérien privé d'Indonésie prend des allures de rêve icarien, soulignent les analystes après l'accident survenu samedi à Bali, où un Boeing de Lion Air a manqué la piste d'atterrissage, ne faisant que des blessés parmi les 108 personnes à bord.

Le Boeing de Lion Air abîmé en mer après son atterrissage raté, à Bali, le 13 avril 2013 [Sonny Tumbelaka / Indonesian Search And Rescue Agency/AFP]
Photo
ci-dessus
Le Boeing de Lion Air abîmé en mer après son atterrissage raté, à Bali, le 13 avril 2013
 

"La sécurité peut en effet être mise en danger, quand une compagnie a le regard trop fixé sur la croissance et sur la réduction des coûts, en particulier pour les compagnies à bas prix", estime Daniel Tsang, analyste chez Aspire Aviation, société d'audit hongkongaise spécialisée dans le tranport aérien.

Les circonstances de l'accident ne sont pas encore connues mais les experts soulignent que Lion Air n'en est pas à son premier accident du genre. Entre 2004 et 2006, elle avait connu une série noire de six accidents, qui avaient tous concerné des appareils quittant ou ratant la piste d'atterrissage. Dans l'un d'eux, en décembre 2004, 26 personnes avaient été tuées à Solo, sur l'île de Java.

Lion Air reste bannie de l'espace aérien européen et américain, où elle a été classée "compagnie aérienne à risques".

Les experts mettent en particulier en garde sur les difficultés de trouver des pilotes suffisamment qualifiés pour être aux commandes des centaines d'avions supplémentaires qui vont parcourir le ciel indonésien dans les années à venir.

Les circonstances de l'accident de Bali ne sont pas encore connues mais plusieurs accidents récemment survenus en Indonésie ont montré le manque de formation des commandants, voire leur comportement parfois hors normes.

Les patrons de Lion Air et Airbus signe un méga-contrat à l'Elysée, à Paris, le 18 mars 2013 [Bertrand Langlois / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Les patrons de Lion Air et Airbus signe un méga-contrat à l'Elysée, à Paris, le 18 mars 2013
 

En janvier 2012, Lion Air avait ainsi été sanctionnée par les autorités après l'arrestation de plusieurs de ses pilotes en possession de méthamphétamine.

"Toutes les compagnies (indonésiennes) ont le même problème: employer des équipages suffisamment compétents", explique Tom Ballantyne, correspondant en chef du magazine hongkongais spécialisé Orient Aviation. "Il y a beaucoup de concurrence entre les compagnies pour avoir des pilotes, pour des ingénieurs de maintenance", rappelle-t-il.

Waman Mulyawan, expert à l'Université d'Indonésie, souligne que le problème n'est pas unique à Lion Air et que l'accident de Bali "n'est que la pointe de l'iceberg".

"Les pilotes sont épuisés jusqu'à la corde et surexploités et cela pourrait devenir un problème de plus en plus grave à mesure que les compagnies connaissent une croissance rapide sans pour autant que le nombre de personnels navigants suffisamment qualifiés soit suffisant", avertit l'analyste.

"Si le nombre de pilotes ne peut pas augmenter au même rythme que le nombre d'avions, nous pouvons nous attendre à des cas encore plus graves à l'avenir. C'est une bombe à retardement".

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités