Warren Buffett, l'investisseur le plus respecté des Etats-Unis, va encore faire une bonne affaire découlant de son investissement dans Goldman Sachs en pleine crise: la banque d'affaire va lui octroyer des millions d'actions gratuitement.
Goldman Sachs a annoncé mardi la conversion de bons de souscription que le deuxième homme le plus riche des Etats-Unis avait acquis pour soutenir la banque d'affaires en pleine crise financière en 2008, sans que M. Buffett ait à injecter de fonds nouveaux.
"L'oracle d'Omaha" va devenir grâce à cet accord l'un des dix premiers actionnaires de Goldman Sachs, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la banque.
"Nous sommes heureux que Berkshire Hathaway", holding financière de M. Buffett, "ait l'intention de rester investisseur de long terme dans Goldman Sachs", se félicite le PDG de la banque, Lloyd Blankfein, dans un communiqué.
"Nous comptons détenir un investissement important dans Goldman Sachs" à long terme, affirme M. Buffett, cité dans le communiqué. Il au passage avoir fait "sa première transaction" avec Goldman Sachs "il y a 50 ans".
Les bons de souscription avaient donné à Berkshire Hathaway le droit d'acheter près de 43,5 millions d'actions ordinaires de Goldman Sachs au prix de 115 dollars par action jusqu'au 1er octobre 2013.
A la place, M. Buffett va obtenir une part globale dans Goldman Sachs correspondant à la moyenne du prix de l'action sur les dix derniers jours précédant le 1er octobre, moins le prix d'exercice de 115 dollars, multiplié par 43,5 millions.
Au cours de l'action de Goldman Sachs mardi matin (-0,0% à 145,56 dollars à la mi-séance à Wall Street), M. Buffett obtiendrait ainsi une part correspondant à environ 1,35 milliard de dollars, soit 9,26 millions de titres.
L'action de Berkshire Hathaway progressait de 0,89% à 103,31 dollars à New York.
La transaction se fera au 1er octobre, a précisé un porte-parole.
M. Buffett avait apporté 5 milliards de dollars à Goldman Sachs en septembre 2008, quelques jours après la faillite de Lehman Brothers, un moment où l'existence de Goldman Sachs semblait menacée.
La banque lui avait consenti des conditions extrêmement favorables pour pouvoir se targuer du soutien du "sage d'Omaha" dans cette période de bouleversements.
Cet investissement lui donnait droit à des actions préférentielles perpétuelles portant un intérêt annuel de 10%, et à 43,48 millions de bons de souscription qui lui permettaient, au prix d'exercice de 115 dollars, de souscrire pour cinq milliards de dollars supplémentaires en actions ordinaires.
En mars 2011, Goldman Sachs a racheté pour 5,5 milliards de dollars de titres de M. Buffett, une somme qui comprenait un dividende exceptionnel de 1,64 milliard de dollars.
Berkshire Hathaway avait alors conservé ses bons de souscription.
Pour Goldman Sachs, il s'agit d'éviter une dilution de son capital qui aurait été bien supérieure si l'accord initial avait été exercé par M. Buffett.
"Goldman Sachs aurait pu avoir à émettre 43,5 millions de nouvelles actions. A la place, elle ne va en émettre que 9,29 millions", remarque Michael Wong, analyste de la maison de recherche Morningstar, interrogé par l'AFP.
"Plus on augmente le nombre d'actions en circulation, plus le bénéfice par action est faible", ajoute-t-il.