GDF Suez a vu ses bénéfices chuter l'an dernier n raison de lourdes dépréciations liées à la dégradation du secteur et de la mauvaise passe que traversent les centrales à gaz en Europe, selon le groupe qui a confirmé jeudi l'abaissement de ses perspectives pour 2013 et 2014.
Le bénéfice net s'est effondré de 61% en 2012, à 1,55 milliard d'euros, du fait de deux milliards d'euros de dépréciations liées essentiellement aux actifs européens, a détaillé l'énergéticien dans un communiqué.
Les autres indicateurs restent en revanche bien orientés et conformes aux objectifs du groupe, notamment le chiffre d'affaires (+7% à 97 milliards d'euros) et le bénéfice d'exploitation (Ebitda, +3% à 17 milliards).
Le bénéfice net récurrent, qui exclut les éléments exceptionnels, a grimpé de 11% à 3,8 milliards d'euros. La dette a été ramenée à 43,9 milliards fin décembre et tombera à 35,5 milliards cet été avec la fin du pacte d'actionnaires de Suez Environnement. Le dividende est stable conformément à l'engagement du groupe.
Les investisseurs ont bien accueilli ces chiffres, l'action GDF Suez gagnant 1,15% à 14,58 euros en milieu de matinée, dans un marché en progrès de 0,29% seulement.
"Dans une conjoncture difficile, GDF Suez a pu atteindre l'ensemble de ses objectifs industriels et financiers, d'ailleurs nos résultats opérationnels sont solides", a mis en avant son PDG, Gérard Mestrallet.
Il a également fait valoir que les dépréciations qui ont plombé les comptes 2012 étaient "sans impact sur la trésorerie". Elles reflètent la "tendance du marché européen de l'énergie et la faiblesse des taux d'utilisation des centrales à gaz", selon GDF Suez. Ces éléments avaient déjà conduit le groupe à abaisser ses perspectives en décembre et à lancer un plan d'économies et de désendettement.
Conséquence de l'exploitation du gaz de schiste aux Etats-Unis (qui provoque un afflux de charbon bon marché sur le Vieux continent) et de l'effondrement des cours du CO2, le charbon supplante de plus en plus le gaz naturel dans la production d'électricité en Europe, y compris en France.
En outre, la crise économique freine la demande d'énergie en Europe. Ce phénomène a conduit d'autres grands énergéticiens, comme EDF ou les allemands E.ON et RWE à raboter leurs objectifs fin 2012.
Dans ce contexte défavorable, GDF Suez a récemment décidé de fermer, mettre en sommeil ou convertir en unités de pointe 1,3 gigawatts de capacités de production d'électricité supplémentaires, en plus des 7,3 gigawatts déjà programmés sur la période 2009-2013 (au Royaume-Uni, Benelux et en Hongrie), sans détailler les sites concernés.
Lors d'une conférence pour les analystes, il a annoncé en outre la mise "sous cocon" de deux sites de stockage de gaz sur les treize qu'il gère en France (Soings-en-Sologne, dans le Loir-et-Cher, et Trois-Fontaines-l'Abbaye, dans la Marne).
L'énergéticien a confirmé ses objectifs financiers abaissés en décembre, avec un bénéfice récurrent attendu en recul, entre 3,1 et 3,5 milliards d'euros, en 2013 et en 2014, avant un rebond espéré en 2015.
Gérard Mestrallet a assuré "envisager l'avenir avec confiance", défendant son "modèle d'entreprise, profilé pour aller chercher la croissance là où elle se trouve", dans les pays en forte croissance et les énergies renouvelables.
Le groupe bénéficie aussi de la réforme des tarifs du gaz en France qui lui donne plus de visibilité. Elle est censée mettre fin aux contentieux à répétition avec le gouvernement, tout en rendant l'évolution des prix du gaz plus favorable aux consommateurs. A ce propos, le groupe va renégocier cette année des contrats à long terme représentant environ de la moitié de ses volumes d'approvisionnement.
Enfin, M. Mestrallet, qui s'était rendu la semaine dernière à Yaoundé, a réaffirmé "la profonde et totale solidarité des 220.000 salariés" de GDF Suez à l'égard du collaborateur du groupe et de sa famille enlevés au Cameroun par des ravisseurs se réclamant des islamistes nigérians de Boko Haram.