Les industriels entendent participer au "retour à la confiance" dans le médicament face au climat de "suspicion" dans l'opinion, a assuré jeudi Hervé Gisserot, président du Leem, fédération des entreprises du médicament, appelant pouvoirs publics et médias à y contribuer.
"Cette confiance est un préalable indispensable au dialogue tant avec les pouvoirs publics qu'avec la société", a affirmé M. Gisserot lors des voeux du Leem à la presse.
Le nouveau président de la fédération a d'autre part renouvelé le soutien des industriels à "une politique de compétitivité et d'attractivité" pour un secteur qui a été confronté à une baisse de son activité l'an dernier en France.
Sans citer nommément l'affaire du Diane 35, traitement anti-acné abusivement utilisé comme contraceptif, le président du Leem a relevé en France "un climat d'interrogation (...) de suspicion sur la sécurité" d'une catégorie de produits.
"Tout accident lié au médicament (...) interpelle les industriels" et "personne ne peut traiter avec mépris ou indifférence ce type d'événement", a-t-il affirmé.
Mais "en France, très rapidement nous sommes confrontés à une sorte de malaise profond et persistant" et "chaque interrogation très rapidement se transforme en réquisitoire" contre le médicament et les acteurs, a-t-il déploré.
"Cette préoccupation concerne nos entreprises", mais aussi l'Etat qui "doit jouer son rôle de pédagogie à froid" ainsi que les médias qui ont "une responsabilité", a-t-il dit.
Pour Hervé Gisserot, "il faut affronter ces questions sur des bases rationnelles, dans un esprit de dialogue courageux et (...) apaisé" et "reconnaître la défiance".
Soulignant qu'il n'était "pas le porte-parole de Bayer", le laboratoire fabricant le Diane 35, Hervé Gisserot a regretté que l'annonce des 4 morts liées à la prise de ce médicament comme contraceptif n'ait pas été "remise en perspective" avec la durée d'utilisation de 25 ans.
Plus généralement, la président de Leem a redit que le risque était "intrinsèque à la nature (des) médicaments". "Nos entreprises doivent continuer à se mobiliser autour de la détection des effets indésirables", a-t-il affirmé.
Mais M. Gisserot a souligné que la moitié des effets négatifs signalés par la pharmacovigilance étaient déjà rapportés par les industriels. Il a plaidé pour un développement de la pharmaco-épidémiologie en demandant l'ouverture des bases de données publiques en santé.
Le président du Leem a d'autre part souligné que le secteur de l'industrie pharmaceutique était entré "en récession en 2012" en France, avec une baisse du chiffre d'affaires de 3,3% en médecine de ville et une stagnation en médecine hospitalière.
"Ce recul historique est lié à un durcissement sans précédent des politiques de régulation", a-t-il lancé, notant aussi que l'emploi "marque de réels signes d'essoufflement" et que "la France marque le pas en termes d'attractivité de la recherche clinique".
Dans ce contexte, Hervé Gisserot a souhaité "un contrat de mandature" donnant de la "visibilité" au secteur pour les prochaines années, notamment pour les dépenses de médicament.
Le développement de filières d'excellence, le soutien aux exportations, le renforcement de la R&D en France, la mise en place d'un "cadre fiscal compétitif" et simplifié figurent parmi les propositions que défendront les professionnels lors du Comité stratégique de filière (CSF) en février, puis du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) en juin.