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Peugeot, Alcatel... les cibles des spéculateurs

Le Palais Brongniart, à Paris [Joel Saget / AFP] Le Palais Brongniart, à Paris [Joel Saget / AFP]

PSA Peugeot Citroën, Alcatel-Lucent, PagesJaunes ou Neopost, autant de valeurs qui s'envolent en Bourse ces derniers temps, signe d'une forte spéculation sur ces titres de la part d'investisseurs contraints de changer de stratégie après avoir parié sur leur baisse.

Depuis un mois, ces entreprises, souvent connues pour leurs difficultés financières, multiplient les coups d'éclat en Bourse et s'envolent parfois de plus de 10% en une journée.

"Il n'y a pas d'annonces sur ces valeurs tous les jours. C'est surtout technique et spéculatif", relève Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities.

Ces hausses soudaines s'expliquent principalement par l'attitude de quelques fonds spéculatifs, qui ont récemment parié sur la baisse de ces valeurs via des ventes à découvert et qui doivent maintenant racheter ces titres, qui sont en train de remonter.

Il s'agit d'un mécanisme qui consiste à vendre un titre dont on pense que le prix va baisser, avec l'espoir d'empocher une forte différence au moment où il faudra le racheter. Mise en cause dans l'effondrement des valeurs bancaires lors de la crise, cette technique a même été interdite un temps sur les financières par le régulateur dans leur version la plus spéculative.

"Quand la tendance s'inverse sur les titres et qu'ils remontent, les investisseurs qui ont vendu à découvert sont contraints de les racheter brusquement", explique Waldemar Brun-Thérémin, gérant chez Turgot Asset Management, ce qui amplifie encore le phénomène de hausse.

"Plus les positions +short+ (ventes à découvert, ndlr) sont fortes, plus le mouvement inverse est fort", ajoute-t-il.

Ce type d'investisseurs se fixent en général un certain niveau de cours à partir duquel ils rachètent les actions automatiquement pour ne pas perdre trop gros.

Part non négligeable du capital

"Peugeot et Alcatel-Lucent étaient les deux valeurs les plus +shortées+ à l'époque où elles étaient encore dans le CAC 40", rappelle Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse.

Certains fonds sont allés jusqu'à avoir des positions de vente à découvert pouvant atteindre à eux seuls une part non négligeable du capital, de l'ordre de quelques pourcents. Le régulateur boursier français, l'AMF (Autorité des marchés financiers), oblige les détenteurs de ces positions à les déclarer quand elles dépassent un certain seuil.

Cette spéculation à la baisse a pu atteindre des niveaux jugés aberrants dans certains cas comme PSA Peugeot Citroën, dont le titre a évolué mi-novembre vers 4,50 euros. "Ce cours était incompréhensible, compte tenu des actifs" liés à la filiale de financement du constructeur, rappelle M. de Villepion.

M. Brun-Thérémin va même jusqu'à dire que "sur certains titres, les cours intégraient presque une faillite de l'entreprise".

Les fonds spéculatifs ne parient pas pour autant sur la baisse d'un titre au hasard. Ils ciblent le plus souvent des entreprises dans une mauvaise passe, avec un fort endettement et une stratégie peu lisible.

"Ce sont rarement des dossiers de grande qualité qui sont visés", rappelle-t-on chez Turgot Asset Management.

Mais l'ensemble des opérateurs semble optimiste en ce début d'année sur l'évolution boursière, ce qui a amorcé la pompe de la hausse de ces titres malmenés en 2012.

PSA Peugeot Citroën profite notamment de l'appui de l'Etat pour sa banque et Alcatel-Lucent a de son côté obtenu une bouffée d'air frais avec un prêt bancaire.

"Le mouvement de hausse est assez général sur le marché et en particulier sur les dossiers qui avaient souffert lors des derniers trimestres", observe M. Brun-Thérémin.

Selon M. Murail, "l'idée de certains investisseurs est de se repositionner sur des valeurs massacrées, comme celle qui ne sont plus dans le CAC 40 et sont donc moins dans le viseur des marchés".

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