Le passage de l'ouragan Sandy sur le Nord-Est des Etats-Unis il y a un mois devrait avoir "un effet légèrement négatif" sur la croissance américaine mais avec de criantes disparités selon les zones ou les types d'activité, a estimé jeudi la Réserve fédérale (Fed) de New York.
S'il est trop tôt pour avoir une estimation finale, l'impact de Sandy sur la croissance américaine du quatrième trimestre "devrait être de l'ordre de 0,25 à 0,50 point de pourcentage", a indiqué jeudi William Dudley, président de l'antenne new-yorkaise de la banque centrale.
L'ouragan Sandy qui a balayé le Nord-Est des Etats-Unis le 29 octobre a tué plus de 100 personnes et provoqué des dégâts estimés entre 30 et 50 milliards de dollars par la société spécialisée Eqecat.
Il a détruit ou endommagé plus de 300.000 entreprises et habitations, provoqué de grosses inondations ou des incendies dans le New Jersey et l'Etat de New York.
Selon M. Dudley, une partie de l'effet négatif de l'ouragan, déjà perceptible sur les chiffres de la production industrielle et des inscriptions au chômage, a été compensée par un supplément d'activité économique provoqué par la catastrophe elle-même, comme les achats de générateurs ou les réserves alimentaires faites avant la tempête.
De plus, a-t-il dit, le secteur de la construction a été dopé après le passage de l'ouragan.
Jason Bram, économiste de la Fed de New York, a aussi souligné lors d'une conférence de presse jeudi que "beaucoup de dépenses [avaient] été repoussées" et non annulées du fait de l'ouragan.
Les destructions elles-mêmes, aussi énormes soient-elles, ne sont pas reflétées par le produit intérieur brut, qui ne prend en compte que l'activité économique.
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"La peine et la souffrance de la perte d'un proche, du fait de vivre sans chauffage ni eau ni électricité pendant des semaines n'est pas non plus quantifiable", a-t-il insisté, alors qu'entre 10.000 et 40.000 personnes restent sans logement rien qu'à New York à cause de la tempête, selon les estimations.
L'impact global modéré masque aussi d'importantes disparités.
Si les entreprises du Nord de l'Etat de New York, où les vents ont été moins violents, ne déplorent aucune perte d'activité, "toutes les entreprises du Sud de l'Etat ont été touchées, et 40% ont dû cesser toute activité pendant au moins 5 jours", a noté M. Bram.
Et dans les zones les plus dévastées comme "les Rockaways, Staten Island à New York ou Long Beach dans le New Jersey, le retour à la normale sera long", a-t-il constaté.
Globalement, ce sont surtout les PME qui vont pâtir de Sandy, plus que les grosses multinationales: pour une grosse chaîne de restauration rapide, avoir 5 restaurants fermés pendant plusieurs semaines n'aura pas d'impact sur les résultats du groupe, a expliqué M. Bram, alors qu'un restaurant indépendant verra ses comptes fortement grevés dans le même cas.
Dans la finance, poumon économique de New York, des entreprises phares comme AIG, Citigroup ou Bank of New York Mellon ont vu leur siège social inondé et fermé pour longtemps mais ces entreprises ont paradoxalement peu souffert car leur activité a été déplacée sur d'autres sites.
D'une manière générale, a souligné M. Dudley, les catastrophes naturelles ont généralement des effets "négligeables" à long terme sur la croissance dans les pays développés.