Moody's a abaissé lundi soir d'un cran la note de la dette de long terme de la France, qui perd ainsi son précieux AAA, meilleure distinction possible, auprès d'une deuxième grande agence d'évaluation financière internationale après Standard and Poor's en début d'année.
Moody's a attribué à la France la note AA1, assortie d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elle pourrait à nouveau l'abaisser à moyen terme, selon un communiqué publié dans la soirée.
Pour justifier sa décision, l'agence, qui menaçait d'abaisser la note française depuis le 13 février, évoque des "perspectives économiques de long terme affectées de manière négative par de multiples défis structurels", dont "une perte de compétitivité graduelle mais continue" et "des rigidités des marchés du travail, des biens et des services".
Elle cite aussi des "perspectives budgétaires incertaines en raison de la dégradation des perspectives économiques". Enfin, selon Moody's, la capacité de la France à résister à d'éventuels nouveaux chocs futurs de la zone euro "diminue", et ce d'autant que son exposition aux pays fragiles de l'Union monétaire, via les liens commerciaux ou bancaires, "est beaucoup trop importante".
Le ministre des Finances Pierre Moscovici a déclaré lundi soir à l'AFP que la dégradation de la note de la France par Moody's était une "sanction de la gestion du passé" qui incite le gouvernement à "mettre en oeuvre rapidement" ses réformes.
La France "est encore bien notée", a réagi Pierre Moscovici en marge d'un déplacement à Grenoble.
Selon le ministre, "cette décision concerne la situation laissée par nos prédécesseurs: perte de compétitivité, faible croissance, déficit croissant".
"C'est une sanction de la gestion du passé qui nous incite à mettre en oeuvre rapidement nos réformes", a-t-il insisté, appelant à "prendre ça avec calme".
"Moody's met à notre actif les réformes que nous avons engagées: le pacte de compétitivité, notre agenda de réforme, le redressement des comptes publics", assure Pierre Moscovici.
Il cite, pour la suite, "trois choses fondamentales", à savoir "obtenir la stabilité de la zone euro", mettre en oeuvre le "pacte de compétitivité" présenté début novembre par le gouvernement et réussir "la négociation sur le marché du travail". "Cela renforce la nécessité absolue de les mettre en oeuvre", a-t-il plaidé.
Selon lui, pour échapper à une dégradation, "il aurait fallu une inversion de la courbe" de la dette publique de la France, "ce qui était impossible". Le gouvernement socialiste au pouvoir depuis mai mise sur 2014 pour voir un début de reflux de la dette publique, qui devrait atteindre l'an prochain le niveau record de 91,3% du produit intérieur brut (PIB).