Alors que le gouvernement veut donner des gages de sérieux avec son budget 2024, la France passe ce vendredi sur le gril de l'agence de notation Moody's chargée d'évaluer sa dette et sa solvabilité pour les investisseurs.
«Aa2». C’est actuellement la note que l’agence Moody’s a attribué à la France, l'une des meilleures possibles. Signe que le pays reste très crédible aux yeux des marchés, cette note est assortie d'une perspective «stable» qui signifie que Moody's n'envisage pas de la modifier pour l'heure. Cependant, l’agence de notation peut actualiser ce vendredi la note et la perspective, ou alors les garder inchangées. Elle peut en outre choisir de communiquer ou non.
Si elle a entraîné peu de conséquences sur les marchés, la rétrogradation il y a six mois de la note financière de la France par Fitch (une autre agence de notation, ndlr) à «AA-» - une note qui reste très élevée - avait été un coup de semonce. Fitch avait notamment évoqué «des déficits budgétaires importants et des progrès modestes» concernant leur réduction, après trois ans d'abondantes dépenses publiques destinées à amortir le choc du Covid et de l'inflation, et les tensions sociales autour de la réforme des retraites.
L’avis de Moody’s qui tombera dans la soirée pourrait ainsi donner le ton aux prochaines expertises de Fitch le 27 octobre, et de Standard & Poor's (S&P) le 1er décembre.
16 milliards d'euros d'economies
Alors que la dette a dépassé les 3.000 milliards d'euros et que le déficit est largement hors des clous européens, la partie recettes du budget proposé par le gouvernement prévoit au moins 16 milliards d'euros d'économies. Cette somme résulte principalement de la fin de mesures exceptionnelles, comme le bouclier tarifaire pour l'électricité.
«Normalement, le projet de budget est de nature à rassurer les agences, sauf si elles mettent en doute sa crédibilité», a toutefois expliqué à l’AFP Eric Dor, directeur des études de l'IESEG School of Management. Pourtant, certains facteurs pourraient éventuellement conduire à une révision de la perspective de Moody's à «négative», voire à un abaissement de la note de S&P.
Une augmentation des taux d'intérêts d'emprunt
En cas de rétrogradation de la notation par les agences, les taux d’intérêts d’emprunt français auprès des investisseurs pourraient alors augmenter. Une situation compliquée pour le pays qui emprunte tous les ans pour combler son déficit public.
Si certaines projections économiques sont jugées optimistes par certains économistes et organisations, la France prévoit en effet d'emprunter un montant record de 285 milliards d'euros sur les marchés en 2024.
Le ministère mise sur une croissance économique de 1% cette année, puis de 1,4% en 2024. Il prévoit de ramener le déficit public de 4,9% du PIB en 2023 à 4,4% en 2024, puis à 2,7% en 2027. L'endettement resterait stable à 109,7% du PIB en 2024, pour atteindre 108,1% en fin de quinquennat.