La zone euro tente lundi de trouver des solutions pour accorder à la Grèce un répit de deux ans dans l'ajustement de ses finances publiques -qui se traduirait par un surcoût d'environ 33 milliards d'euros pour ses créanciers- alors qu'Athènes attend désespérément une aide financière bloquée depuis le mois de juin.
Les ministres des Finances de la zone euro, réunis à Bruxelles depuis 16H00 GMT, doivent éplucher le rapport de la troïka des créanciers publics d'Athènes (UE, BCE et FMI), qui vient de leur être remis.
Ce rapport comprend un examen des mesures prises par Athènes et une évaluation des besoins financiers du pays, qui doivent être réajustés compte tenu notamment de la récession plus profonde que prévu traversée par le pays.
Sur le premier volet, le rapport est "fondamentalement positif car les Grecs ont tenu leurs promesses. Maintenant c'est à nous de tenir les nôtres", a affirmé lundi le chef de file de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.
Il a prévenu qu'il n'y aurait pas de décision définitive lundi sur le déblocage de 31,2 milliards d'euros qu'attend la Grèce depuis juin, car certains pays, en premier lieu l'Allemagne, doivent d'abord obtenir l'aval de leur Parlement.
Pourtant, le temps presse: faute d'argent frais, le pays risque la cessation de paiement car il doit rembourser pour 5 milliards d'euros d'obligations expirant vendredi. Prenant les devants, il devait lancer un emprunt exceptionnel mardi pour rembourser une partie de cette créance.
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Pour obtenir cette aide financière, Athènes a adopté un programme d'ajustement budgétaire musclé comprenant d'une part des économies de 18 milliards d'ici 2016 et, d'autre part, un budget pour 2013 imposant 9 milliards d'euros d'économies, approuvé dimanche soir par le Parlement.
"Nous devons absolument réaliser des avancées décisives", a affirmé le ministre français des Finances, Pierre Moscovici, à son arrivée, expliquant que l'objectif de la France était "de sortir de la réunion avec un accord politique".
Les ministres vont également plancher sur les moyens d'accorder deux ans de plus à Athènes pour mener à bien son ajustement budgétaire, soit jusqu'en 2016.
Ce délai fait l'objet d'un relatif consensus. Mais, selon une version provisoire du rapport de la troïka que l'AFP s'est procurée, il faudra une rallonge de 32,6 milliards d'euros si les créanciers de la Grèce lui accordent deux ans de plus. Sans ce délai, le trou à combler atteint déjà la somme conséquente de 22,9 milliards d'euros jusqu'en 2016, en raison de l'explosion des intérêts de la dette grecque et du retour incertain du pays sur les marchés, indique le rapport.
"Il faut qu'on cherche des solutions créatives", a affirmé l'Autrichienne Maria Fekter à son arrivée. L'idée est de trouver comment combler ce déficit, mais à ce jeu, les créanciers se renvoient la balle.
La Banque centrale européenne (BCE) refuse d'accepter des pertes sur les obligations grecques qu'elle possède, le Fonds monétaire international (FMI) refuse de remettre au pot et laisse cette responsabilité à la zone euro, qui exclut tout nouveau prêt, synonyme de troisième plan d'aide à la Grèce.
La question est liée à l'évolution de la dette grecque. Beaucoup d'analystes considèrent qu'il est irréaliste de la ramener à 120% du PIB en 2020, comme prévu jusqu'ici, et là encore, les créanciers d'Athènes pourraient lui donner un répit.
"La question est de savoir si l'objectif de 120% du PIB constitue le dernier mot, ou si nous prolongeons un peu cette période", a expliqué M. Juncker.
Pour aider la Grèce, "nous devons trouver une solution réelle, pas une solution à la va-vite", a déclaré la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, à son arrivée à la réunion.
Plusieurs ministres ont évoqué la possibilité de tenir une autre réunion dans quelques jours. Elle pourrait avoir lieu "soit cette semaine, soit la semaine prochaine", a déclaré M. Juncker avec le souhait de clore le sujet avant le sommet des 22 et 23 novembre.