Après avoir atteint un sommet historique en novembre, à 4,9%, puis en décembre à 5%, l'inflation dans la zone euro continue de progresser en janvier, à 5,1% sur un an. Jamais l'office européen des statistiques n'avait enregistré de tels chiffres depuis le début de ses estimations, en janvier 1997, pour les 19 pays ayant adopté la monnaie unique.
Les experts attendaient pourtant un léger reflux mais la hausse des prix, notamment de l'énergie, en a décidé autrement. L'indicateur, publié ce mercredi 2 février, dépasse largement l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE) d'une inflation à 2%, mais pas seulement. Il excède aussi les prévisions des analystes, qui tablaient en moyenne sur un taux annuel de 4,4% le mois dernier.
Euro area #inflation up to 5.1% in January 2022: energy +28.6%, food +3.6%, services +2.4%, other goods +2.3% - flash estimate https://t.co/i9w0FclRrX pic.twitter.com/91cSQF9OGZ
— EU_Eurostat (@EU_Eurostat) February 2, 2022
Le rapport d'Eurostat confirme que les tarifs de l'énergie représentent le principal moteur de l'inflation : en janvier, ils ont progressé de 28,6% dans la zone euro (contre +25,9% en décembre). Mais les prix de l'alimentation, de l'alcool et du tabac ont eux aussi tout de même augmenté de 3,6% (+3,2% le mois précédent). Le coût des services a progressé de 2,4% en décembre comme en janvier et, du côté des biens industriels, hors énergie, l'inflation est toujours là mais elle décélère (+2,3% en janvier contre +2,9% en décembre).
Cette situation inédite accroit la pression sur la BCE, qui doit se réunir ce jeudi. Selon les experts, il faut s'attendre à ce que l'institution monétaire maintienne ses taux directeurs tels qu'actuellement, c'est à dire à leur plus bas niveau, tout en s'abstenant pour l'instant d'ouvrir la voie à un relèvement. Une hausse risquerait en effet de ralentir l'économie, mais aussi de poser problème aux Etats et entreprises les plus endettés, en renchérissant le coût du crédit.
Les observateurs estiment que le prochain relèvement des taux directeurs pourrait intervenir en mars 2023. En effet, pour la BCE, l'inflation reste un phénomène transitoire qui, après avoir connu un pic en 2022, devrait diminuer en 2023. La conjoncture reste toutefois marquée par des incertitudes, liées à la pandémie de Covid-19 mais aussi à la géopolitique.
Les tensions autour de l'Ukraine alimentent notamment de sérieuses craintes. Tout indique qu'une invasion du pays par les troupes russes provoquerait une nouvelle hausse des prix de l'énergie : la Russie est le principal fournisseur de gaz de l'Union européenne.