Des produits issus des gaz de schiste américains devraient entrer en concurrence avec la production de la pétrochimie européenne, anticipent les professionnels du secteur réunis au sein du Syndicat de la Chimie organique de base (SCOB).
"Après la vague issue du Moyen-Orient (qui a ouvert de nouvelles capacités de production pétrochimique, ndlr) en 2010, on voit arriver la vague américaine à partir des gaz de schiste", affirme Claude Lebeau, président du SCOB.
Les pétrochimistes produisent à partir des hydrocarbures les molécules de base pour le plastique, notamment l'éthylène, base du polyéthylène, le propylène, base du polypropylène, mais aussi le styrène, benzène et aromatiques.
"Le problème est déjà existant et donne déjà une certaine compétitivité à la pétrochimie américaine", puisque les pétrochimistes américains "évoluent depuis déjà plusieurs années dans un environnement où le prix de l'énergie est extrêmement bas" grâce au gaz de schiste, analyse M. Lebeau.
Les vapocraqueurs, unités qui produisent éthylène, propylène et autres molécules à partir d'hydrocarbures, sont extrêmement gourmands en énergie.
Mais les Etats-Unis devraient surtout, dans les prochaines années, commencer à produire plus dans la pétrochimie, grâce à une matière première elle-même issue des gaz de schiste, l'éthane, qui permet de produire de l'éthylène.
"La disponibilité en gaz de schiste et la capacité d'extraction qui va encore s'installer sont telles qu'on peut maintenant envisager d'avoir de l'éthane en quantité suffisante pour créer des capacités (pétrochimiques) en plus", anticipe M. Lebeau.
"Aujourd'hui, on envisage (...) 5-8, voire 9 millions de tonnes de capacités additionnelles" aux Etats-Unis, même si "tout ne se réalisera pas immédiatement".
A l'heure actuelle, l'éthane issu du gaz de schiste est consommé par les unités déjà existantes. Mais "on voit des grands projets d'extraction de l'éthane se mettre en place", observe M. Lebeau. "Cet éthane additionnel, disponible, va servir structurellement de nouvelles capacités", selon lui.
"A l'horizon 2015-18, on verra à coup sûr arriver de nouvelles capacités d'éthylène", ainsi que des capacités de polyéthylène.
"On va voir arriver sur le marché du polymère très compétitif" et "on ne peut pas exclure de voir ces tonnes arriver en Europe", analyse-t-il.